Seul… enfin!!

« Nul n’est une île »

Camus, je crois.

Ou Sartre, peut-être. Les deux mecs existentialistes par excellence avaient bien raison. On a tous besoin des autres. Tout le monde aime socialiser. Tous aiment discuter et comparer leurs opinions sur tout et sur rien. Rien n’égale un bon argument quand les deux parties en ressortent grandies. Quoi de mieux qu’un interlocuteur pour pousser la réflexion à une étape plus élevée?
Cependant, la discussion doit s’arrêter lorsque des décisions doivent être prises. Ultimement, la prise de décision demeure solitaire.
Vous arrive-t-il, à l’occasion, de sentir que la tâche à accomplir est vaste et au-delà de votre capacité à l’accomplir?
Avez-vous l’impression, trop souvent, qu’il est plus facile de répondre aux urgences, aux très nombreuses urgences, lorsqu’elles se présentent plutôt que de planifier les choses?
Sentez-vous cette pression montante qui ne veut pas partir lorsqu’il est temps de quitter pour revenir à la maison, votre havre de paix?
Hmmm, nous sommes en terrain connu. Que faire? Les To-do lists et les agendas ne semblent plus aussi efficaces pendant ces périodes de crise. En fait, il faut se rendre à l’évidence : la corvée de la planification quotidienne est souvent la première chose à prendre le large lorsque ces conditions de tempête mentales surviennent.
Je connais ça!
J’ai beau écrire sur la gestion des priorités chaque mois, donner des cours sur le sujet et encourager mon entourage à mieux planifier, je suis aussi victime de ces orages organisationnels trop souvent à mon goût!
Mais je sais comment y faire face!

Je les affronte toujours de la même façon. En prenant un peu de temps pour réfléchir et planifier à long terme.

Quand j’ai fini de procrastiner…

Procrastiner. Tourner autour du pot. Reporter au lendemain du jour d’après. On procrastine lorsque les tâches nous semblent trop grosses, trop longues, et pas assez intéressantes.

On procrastine quand on ne voit plus la raison de faire les choses. Lorsqu’on oublie le but à long terme.
Quel but à long terme?
Ahhh, il faut donc revenir à la source.

La gestion de temps s’effectue à plusieurs niveaux. Tous interreliés et intimement connectés.

Les niveaux!

1- La vision à ras de terre

2- La vision à haute altitude

3- La vision galactique!Chaque niveau requiert des efforts, mais pas à la même fréquence.La vision à ras de terre, ou gestion du quotidien, se gère avec des to-do lists, des post-its, des mémos, votre agenda, les alarmes sur Outlook ou sur votre cellulaire ou ailleurs, etc. Les courriels et le courrier, les coups de téléphone et les interruptions doivent être affrontés et gérés efficacement.
En général, nous sommes tous assez fonctionnels à cet égard.
Ça se gâte au niveau suivant.
La vision à haute altitude, ou gestion hebdomadaire et mensuelle des activités. Il faut ici penser plus loin que les urgences de la journée. Il est nécessaire de faire une liste des projets en cours ainsi que de ceux à venir. La discipline requise pour réussir ce tour de force vous fera revoir le contenu des listes précédentes au moins une fois par semaine. Vous reporterez ? Et oui, vous réécrirez ? Certains items non complétés dans les listes des semaines suivantes. Mais cet exercice n’est pas futile puisqu’il vous permettra d’effectuer de solides suivis bien appréciés de vos interlocuteurs, collègues, subalternes, patron et membres de la famille.
Jusque-là, tout baigne.
Le vrai défi, celui pour lequel la plupart d’entre nous procrastinent véritablement, est de définir la vision galactique.

LA VISION GALACTIQUE!

Celle qui vous permet de tout remettre en perspective. Celle qui confirme votre raison d’être et qui rend significatives toutes vos activités. Celle qui vous permet de faire le ménage et d’épurer votre horaire!
Celle qui fait mal.
Oui, mal. Car une fois cet exercice terminé vous réaliserez que vous avez souffert pour rien pendant les longues semaines, les longs mois où vous avez vaqué à vos occupations quotidiennes sans vous préoccuper de ce qui compte vraiment.
Et c’est ici que la solitude entre en jeu.
Bien que les discussions avec un coach, des collègues, des membres de la famille peuvent vous aider, les décisions difficiles sont solitaires.
Personne ne décidera pour vous.
Vous seul serez responsable de vos décisions. Vous seul aurez à vivre avec les conséquences de vos actes.
Bon.
Vous le savez déjà.
Le point que je vous apporte maintenant est tout autre.
Pour en arriver là, il faut être seul.
En effet, une fois les consultations populaires complétées, vous DEVEZ vous trouver un temps de solitude pour brasser tout ça et en tirer une conclusion.
Ici réside un grand défi.
Pouvez-vous rester seul assez longtemps pour cette période de contemplation?
Certaines personnes ont de la difficulté à rester physiquement seules quelques heures. Les enfants, le/la conjoint/e, les collègues et les multiples interruptions les empêchent de prendre un temps de recul. D’autres ont de la difficulté à envisager psychologiquement la solitude.
Dans les deux cas, je vous propose de faire l’effort de vous trouver un moment de solitude. S’il vous faut aller à St-Benoit du Lac et vous engager dans une cure de silence, faites-le!
J’y ai songé à quelques reprises. J’ai dû renoncer à mon projet. Je sais que je peux rester seul sans problème. Rester seul en silence est une autre histoire!
En effet, j’adore rester seul et réfléchir… en écoutant de la musique.
Hors de question à l’abbaye!
De plus, ma position de consultant me force à travailler seul assez souvent. Assez souvent pour que je trouve le contact avec mes semblables drôlement stimulant! Donc, au contact de ceux-ci… je parle!
Hors de question à l’abbaye!
Subtile distinction ici cependant. Rester seul pour travailler et rester seul pour réfléchir n’est pas la même chose.
Se forcer à rester seul pour réfléchir à ses projets, ses plans, ses buts à long terme requiert un effort mental qui ne ressemble pas à celui que l’on fournit pour effectuer des tâches mentales.
Alors que votre cerveau fonctionne aisément pour compléter les tâches, furent-elles de calcul, d’organisation, de logistique, de rangement, de classification ou autre, ce même cerveau travaille d’une autre manière au moment de planifier à long terme.
Enfin, le mien. Je ne peux que vous témoigner de mon expérience personnelle et essayer de vous l’expliquer.
La planification à long terme nécessite un environnement mental vide. Aucune préoccupation, aucune pression, aucune présence perturbatrice. Une suggestion : un Tim Hortons, ou autre resto du même acabit, situé à au moins 20 km de chez vous pour éviter de rencontrer une voisine communicatrice.
Un café format X-grand (étonnant comme contenant d’ailleurs… Pas obligé de tout le boire, car les palpitations résultantes pourraient oblitérer l’effet bienfaisant recherché) vous garantira 2 heures de tranquillité sans interruption des employés du dit resto.
Ma dernière escapade solitaire s’est d’ailleurs produite à cet endroit!
Et comme à chaque fois, entouré de mes notes, mes projets, mes réflexions, mon iPod et mes canalbuds (ces petits écouteurs qui vous caressent le tympan tout en vous isolant du monde), tout cela éparpillé sur une table au nettoyage douteux et parsemé de miettes de biscuits aux pacanes caramel (très bon en passant), comme à chaque fois que CELA s’est produit : de nouvelles connexions, des liens insoupçonnés entre certains items de ce beau mélange, une épiphanie!
Une épiphanie au sens large, car selon le dictionnaire, une épiphanie est une apparition du Christ aux rois mages. Dans mon cas ce serait plutôt l’apparition du serveur m’offrant de réchauffer mon café mais bon… Bref, une brillante illumination qui me dicte sans hésitation une ou plusieurs prochaines étapes.
Comme à chaque fois, la nouvelle clarté d’action est arrivée à la suite d’un lent processus mental engendré par la solitude. Cette douce solitude qui nous est de plus en plus difficile d’obtenir. Alors que nos ancêtres pouvaient regarder défiler la rivière pendant des heures, faute d’écouter « Découvertes » à Radio-Canada, nous sommes constamment envahis par toutes sortes de stimulations. La télévision, malgré son caractère passif, ne permet pas à notre cerveau de se mettre à OFF. Chacun aura des critères de solitude différents : en ville ou en forêt, avec ou sans musique, etc.
Un seul critère commun demeure : SEUL.
Vraiment seul avec vos réflexions. Quand avez-vous passé quelques heures à réfléchir? Pas à faire du ménage, du rangement ou du magasinage! SEUL à réfléchir?
Ma présomption : Il y a trop longtemps.
Une suggestion : Planifiez un bloc de 2-3 heures loin de tout. Oubliez votre laptop. Apportez votre journal de bord, votre liste de projets de vie ou tout simplement une pile de feuilles blanches (pas lignées!). Au moins 50 feuilles.
Écrivez ce qui vous passe par la tête. Une liste de préoccupations. Essayez de répondre aux grandes questions de la vie : qui, quoi, comment et surtout POURQUOI?
Laissez-vous aller!
Imaginez-vous en maître de l’univers avec des possibilités infinies!
Soyez quand même pragmatique : Priorisez vos conquêtes galactiques! Blague à part, vous verrez que de vous laisser aller vous permettra de faire le bilan de plusieurs choses laissées en plan. Vous serez surpris et rassérénés à la suite de cet exercice.
Prioriser n’est possible que lorsque tous les éléments de réflexion sont bien étalés et prêts à être mis à contribution. Votre merveilleux cerveau fera le boulot spontanément.
Mais rappelez-vous : un cerveau accélère lorsqu’il ralentit. Il vous faut trouver un moment de solitude pour le ralentir.?Mais alors, préparez-vous à l’accélération!
« Nul n’est une île » disait l’autre.
Mais l’île n’est pas nulle.
Seul. Enfin.
Mais pas solitaire.
 
CITATIONS
« L’habileté de simplifier signifie l’élimination du non-nécessaire pour que le nécessaire puisse parler »
Hans Hofmann
 
« La pensée est la fleur; le langage est le bourgeon; l’action est le fruit. »
R.W. Emerson

Par François Lavallée, M. Sc.

 

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