Promenade de hamster
Ça semble un peu farfelu …et ça l’est !
J’utilise cette situation fréquemment pendant mes cours de gestion de priorités. « Allez faire une promenade avec votre hamster…attention la laisse est longue et il ne marche pas vite.Attention de ne pas marcher dessus…j’ai dû changer de hamster souvent à cause de ça. »
Pourquoi utiliser cet exemple?
2 raisons :
- pour vérifier si les gens écoute ce que je dis. Je sais que je parle vite et lorsque je glisse cet exemple à travers d’autres semblables , seuls ceux qui écoutent vont esquisser un sourire ( Bin oui, esquisser, car ce n’est quand même pas une grande preuve d’humour intelligent).
- j’aime l’idée de faire marcher un hamster…lentement, longtemps, patiemment.
J’utilise cet exemple pour expliquer que les bonnes idées ne surviennent que très rarement devant un écran d’ordinateur ou au boulot. Les bonnes idées surgissent lorsque le cerveau se calme et devient plus lucide. Pensez-y : quand et où avez-vous vos meilleures idées ?
- Dans la douche
- Dans l’auto , en attendant que le bouchon de circulation se résorbe
- En marchant lentement
- En pelletant
- En jardinant
- En vous réveillant…
Il est bien connu que le cerveau fonctionne mieux quand les activités qui demandent de la concentration ou trop d’énergie cessent ou ralentissent.
Le cerveau accélère quand il ralentit!
Quelle belle idée!
Promenade de hamster
On a souvent entendu la métaphore du hamster qui court dans sa roue pour illustrer les idées et les pensées qui se bousculent dans notre tête. Étrangement , cette scène est familière à tout le monde!
Autant pour la scène du hamster qui roule, que pour l’association qu’on l’on fait avec l’incessante parade dans notre tête….Parade ? Disons plutôt un rave fou!
Alors cette image, un hamster en laisse, qui marche
Lentement
Devant son humain
Qui lui, peine à ralentir
et qui risque d’écraser sa petite bête…
2020 nous a forcés à ralentir. À changer nos habitudes. À apprécier ce que nous avions, ce que nous tenions pour acquis.
Et ce ne fut pas facile!
On vit maintenant avec la menace d’une troisième vague de COVID qui fait des ravages dans le monde entier.
Et lentement on se dit, à contre-coeur, qu’il y aura probablement une quatrième vague.
Et encore des contraintes et des ralentissements de nos activités. Oh , pas trop de ralentissement additionnel car, après tout, l’étape suivante est de tout arrêter ou presque.
On s’ennuie de nos sorties au cinéma
Au restaurant
Chez nos amis à 60 minutes de route
De nos voyages exotiques
Mais je m’interroge.
Était-ce normal?
Depuis quand les espèces, l’humain y compris, ont-elles la possibilité de voyager (à l’exception des migrations animales) ou encore de faire un déplacement écologiquement non-responsable de 100km pour aller voir des amis quelques heures?
Ou de dépenser une fortune pour manger alors qu’un bon repas cuisiné avec des ingrédients naturels coûte une fraction du prix à la maison
Ou encore de dépenser l’équivalent d’une journée de salaire pour aller voir des sportifs surpayés se faire des passes d’un disque noir sur une glace artificielle et qui perdent lamentablement (encore!)
Un journaliste a écrit en avril 2020, 1 mois après la déclaration d’urgence pandémique par l’OMS, que l’économie mondiale s’écroulait parce que seuls les commerces essentiels restaient ouverts. Notre économie s’est écroulée parce que nous devions nous limiter à l’essentiel…quoi?
En y repensant, tout ce qui nous manque le plus , car nous n’avons pas manqué de rien vraiment, ce sont tous ces objets dont l’accès a été restreint et toutes ces activités de luxes énumérées plus haut.
Oh, je vous entends crier : ce sont nos droits et libertés!
Vraiment ?
Notre rythme de vie s’est accéléré depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les marchés en expansion nous ont fait croire que la croissance serait infinie. Quelle utopie fantasque! Comment peut-on croître sans limite avec des ressources limitées ? Cette folie a eu un coût.
Un Coût économique
Un Coût écologique
Un Coût social
Un énorme coût psychologique
Ce qui était un luxe est devenu essentiel.
Nous sommes une espèce sociale ! Nous avons besoin des autres !
C’est vrai! Notre survie, nous la devons à notre solidarité et notre coopération.
Mais si voir nos proches a toujours été un besoin, en reculant de quelques décennies on se rend compte que les « parties » hebdomadaires ne faisaient par partie de la réalité des familles. Nous avons bénéficié d’une grande mobilité, d’infrastructures modernes (qui, manquant d’entretien, s’écroulent) et technologiques qui nous a permis de mettre des oeillères sur la réalité.
La pandémie nous a forcé à revoir tout cela.
Il y a 100 ans, la crise d’influenza a fait la même chose. Les années folles suivirent.
La même chose se reproduira-elle dans notre monde contemporain essoufflé par 100 ans de consommation ?
Yves Lusignan , un ami futurologue, m’a plusieurs fois fait éclaté le cerveau par ses prédictions. Je le cite souvent pour cette illumination :
Nous passons d’une société de droits et libertés
À une société de privilèges et responsabilités.
Il faut se rappeler que ce qui nous entoure, nos précieuses babioles et riches divertissements, sont des privilèges et non des droits. Et notre liberté d’expression et d’action sont surtout des responsabilité de respecter les autres et nos fragiles structures sociales.
Toute cette opulence qui nous manque (pas tant que ça finalement) nous a aussi causé beaucoup de soucis.
Et si on faisait une promenade avec le hamster ?
Lentement,
Longtemps.
Calmement.
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