Quelle coïncidence!
D’un côté nous vivons en direct une commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la construction (un lapsus populaire de 2011-2012 est d’ailleurs la nommer l’industrie de la corruption!) et de l’autre, tout à fait par hasard, je visionne une mini-conférence sur le site de TED.org de Heather Brooke, une journaliste qui se bat pour la liberté d’information depuis des lustres. Cette dernière nous faisait part de sa lutte pour avoir accès aux comptes de dépenses des ministres britanniques, une lutte qui a mis au grand jour une série de scandales de la classe politique en Angleterre.
Et que dire de Lance Armstrong ? Une figure publique bien connue, un champion du Tour de France maintenant déchu. Pourquoi? Par son opacité persistante Lance Armstrong s’est attiré les foudres de ses admirateurs et des associations sportives. Il a triché. Soit. Mais il a surtout nié, et nié encore et encore sa culpabilité. Les évidences sont contre lui. Il a erré. En utilisant des substances interdites mais surtout en mentant, en cachant, en dissimulant. On ne lui pardonnera pas.
Et soudain, pffff, la lumière fut ! (Oui, pff, comme dans pff le son de la lumière qui apparaît dans une pièce sombre…il faut un peu d’imagination pour entendre la lumière frapper les murs, mais une fois qu’on a réussi, on l’entend à chaque fois…)
La question qui m’est venue à l’esprit : sommes-nous assez transparents dans nos efforts de qualité ?
La réponse est : Peut-être pas assez!
Si on se fie aux récentes Lettres d’avertissement du FDA envers les grandes compagnies pharmaceutiques, on ne peut que conclure que l’opacité règne encore!
Pour la première fois depuis des dizaines d’années, la source principale des observations de non-conformité n’est plus le non-respect des procédures (mais qui suit non loin derrière !), mais les systèmes CAPA.
Corrective Action/Preventive Action.
CAPA déficient ou non-existant ou non-respecté ou objet de fantaisie, tellement ils sont faibles et inefficaces.
Devrait-on y voir une carence en intelligence de la part de l’industrie pharmaceutique, celle-là même qui se targue de développer des produits innovateurs à coût de milliards ?
Peu probable.
Devrait-on y voir simplement un manque d’argent ou encore une incapacité à comprendre les bénéfices d’un tel système? Après tout, l’analyse des tendances et la prévention des problèmes ne valent peut-être pas les efforts qui devraient y être consacrés…
Ben voyons!
Un lot rejeté peut maintenant entraîner des coûts exorbitants depuis l’avènement des biotechnologies.
Alors, que devrait-on voir dans l’incapacité des compagnies pharmaceutiques à mettre en place un système CAPA efficace?
Et pourquoi ai-je commencé cette diatribe avec la Commission Charbonneau et la lutte de Heather Brooke ?
Peut-être est-ce une association de faits apparemment non-reliés, peut-être est-ce une lubie, mais pourquoi ai-je l’impression que certains systèmes de gestion de la qualité ne sont pas mis en place tout simplement parce qu’ils mettraient au grand jour un autre genre de gestion, la gestion des egos et des bonus.
Je suis très critique de la gestion de certaines organisations. TRÈS critique.
Tant d’efforts gaspillés dans de piètres programmes factices, tant d’énergie perdue à régler à tout prix plutôt que d’impliquer les bonnes personnes, de la bonne façon, à la bonne vitesse et au bon moment.
Et surtout tant de prouesses pour cacher l’innommable : l’erreur humaine, l’enflure d’ego, la décision honteuse et hâtive, l’absence d’écoute, le manque de respect, la cruelle carence d’humanité.
Combien de fois une mauvaise nouvelle a-t-elle été camouflée sous de faux prétextes et de nombreux tableaux Excel ?
“Nous avons fait de gros efforts depuis trois ans, nous nous sommes prodigieusement améliorés”
Oui, mais, ce n’est pas assez!
Et au lieu de dire tout simplement les faits, on cache, on dissimule, on fait semblant..
Et la hache tombe quand même !
Et la déception n’est que plus amère.
Alors que la vérité est si simple à dire.
La transparence est une vertu contre laquelle nul ne peut s’opposer publiquement.
La transparence est pourtant difficile à vivre publiquement : oser l’humiliation? JAMAIS!
Mais pourquoi ne pas simplement oser l’humilité ?
Oser avouer les erreurs de parcours et les mauvaises décisions.
Oser prendre position, humblement, et questionner les anciennes méthodes pour pouvoir aller de l’avant.
Aux côtés des autres.
Pas devant.
Pas derrière.
Aux côtés, ensemble.
Publiquement.
Les systèmes occultes de financement et d’octroi de contrats lucratifs pour une élite n’ont jamais eu l’approbation du grand public.
La même chose est vraie pour l’allocation des bonus de performance pour la classe dirigeante alors que le travail a été fait par toute l’entreprise.
Les erreurs de quelques individus sont pourtant ressenties par toute la population. Dans le système public ou privé.
Pourquoi tant d’opacité dans les résultats, bons ou mauvais, si ce n’est pour bénéficier à la caste sélecte aux dépens du reste de la population ?
Pourquoi résister à la transparence, à l’analyse en profondeur des tendances, à l’étude des intuitions empiriques, si les bénéfices sont tellement grands pour l’ensemble des compagnies?
Pourquoi, si ce n’est qu’on ne veut pas vraiment voir la nature des problèmes?
Pourquoi ?
À la lumière des révélations récentes touchant tous les échelons de nos gouvernements, je ne peux que me poser la question et à peine oser y répondre.
Par François Lavallée, M. Sc.
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Bonjour Francois. I appreciated this article and I applaud your idealism regarding transparency. Unfortunately, it takes a rare flavour of corporate culture and a very mature organisation to see the benefits of an honest CAPA system. As honorable as admitting an error may be, no one wants to lose their job, no one wants to be passed over for promotion, and no one wants to be ten miles from the root cause that cause a batch to be rejected. We’ve cultivated a “cover your behind” corporate culture because the person with the cleanest behind is most likely to keep their job or get promoted.
North Americans, in general, have an aversion for the experience of failure, but in actual fact, failure is more likely to result in success the next time if a lesson is learned. I try not to judge too harshly organizations that have made mistakes for that very reason; provided they don’t make the same ones over and over again. In a perfect world, mature organizations would disarm their employees’ fears of failure by guaranteeing that the problems reported would not lead to adverse consequences for any of those involved.
To err is human but so is to blame. Remove the blame and an error becomes an opportunity.