Depuis environ 10 ans (2013), je réalise qu’une paralysie décisionnelle s’est emparée de multiples compagnies. La paralysie est présente depuis beaucoup plus d’un an. Mais je pense comprendre pourquoi depuis un an. Humble réflexion sur une dure réalité.
Suite aux nombreuses réorganisations, fusions, acquisitions, fermetures et autres situations semblables, les gestionnaires ont développé ce que j’appelle la mentalité de succursale. Vous savez, le gérant de succursale de commerce au détail qui ne fait que répondre aux demandes du siège social, qui ne vend que ce qu’on lui envoie, qui ne peut faire de promotion hebdomadaire sans le circulaire officiel, etc.
Lorsqu’on leur demande de prendre une décision, la plupart d’entre eux ne sont plus capables de décider. Ils invoquent alors le besoin de consulter le comité de gestion, leurs collègues, le siège social et je ne sais qui d’autre. À chaque fois, les raisons incluent la nouvelle structure organisationnelle, les objectifs du nouveau propriétaire qui ne sont pas encore connus, un resserrement au niveau du budget, etc.
Bref, depuis quelques années, le pouvoir décisionnel des directeurs généraux, de leurs gestionnaires et des superviseurs ne cesse de diminuer. À quelques rares exceptions près, les décideurs n’ont plus les moyens de décider ! Et lorsque la décision se prend, le délai entre le début de la discussion et la prise de décision est tellement long que le résultat peut en être affecté.
J’ai fait quelques tests récemment avec certains de mes clients pour les aider à prendre des décisions.
Test #1
Lors d’une rencontre où les mêmes clients se retrouvent ensemble pour discuter d’un thème commun dans un format de communauté de pratique, je leur ai demandé combien d’entre eux étaient certains de pouvoir se faire rembourser l’achat d’un de mes livres acheté impulsivement sur place. Le nombre de mains levées était étonnamment bas. La raison invoquée : diminution de budget. On parle ici d’employés de compagnies internationales dont le chiffre d’affaires dépasse la centaine de millions et d’un livre de 20 $.
Devant ma surprise, on m’a assuré qu’aucune dépense n’était admise sans autorisation préalable. Une autorisation préalable pour une décision de 20$ ?!?
Je leur ai alors demandé s’ils avaient déjà clarifié avec leur patron quelle était la limite en dollars de leur pouvoir décisionnel, c’est-à-dire, quel montant pouvaient-ils engager au nom de la compagnie, au bénéfice de la compagnie, sans devoir demander une autorisation. Dans la grande majorité, ce montant est zéro.
Test #2
Devant mon incrédulité, j’ai demandé : ce montant est-il perçu ou réel ? Avez-vous demandé, directement et spécifiquement à votre patron quel était ce montant ou percevez-vous que vous ne pouvez dépenser sans permission ?
AHA !
Personne n’avait demandé de clarification.
Le test était simple : demandez ! Osez demander !
Comme j’ai la chance de revoir ces personnes quelques fois par année, je me promettais de faire un suivi sur la question lors de la prochaine rencontre.
Test #3
Suspense ! J’attendais avec impatience et appréhension la réponse à ma question. Non pas « quel est le montant pour lequel vous pouvez dépenser sans autorisation?”
Non, une question encore plus simple :
« Avez-vous demandé à votre patron quel est le montant……?
Je m’attendais à plusieurs “non”. Je n’ai reçu que des “non”.
Nous avons donc poursuivi l’exercice en nous demandant ce qui nous empêchait de poser la question et la réponse fut la peur.
La peur de demander.
La peur d’oser questionner.
La peur qui se traduit en peur de décider.
En inaction.
Et en pertes pour l’organisation.
Les conclusions dans l’article suivant : https://www.aliterconcept.com/blog/reflexion-de-qualite/cout-inaction/.
En attendant, vous sentez-vous concerné par cette situation ?
Avez-VOUS demandé à votre patron quelles sont les limites à l’intérieur desquelles pour pouvez décider ? Et dépenser ?
Pourquoi avez-vous peur de le faire ?
N’HÉSITEZ PAS À LE PARTAGER pour inciter vos amis à penser autrement!
Copyright © 2014 Aliter Concept. Prière de ne pas reproduire, copier ou distribuer physiquement sans permission.
ARTICLES RÉCENTS
4 mars 2021
Sévices postaux mésadaptés
Réflexion de qualité,Aliter Sensa
Mars 2021. Une année de pandémie et de restrictions sanitaires. Un an où la planète a appris à…
28 janvier 2020
Quelles sont les conditions de votre situation ?
Réflexion de qualité,Aliter Sensa
Quelles sont les conditions de votre situation? Question simple et efficace. Pourquoi l'oublie-t-on…
5 décembre 2017
La grenouille et le tai-chi
Réflexion de qualité,Biologie organisationnelle
La grenouille et le taichi... encore un titre sauté! Pratiquer le tai-chi est un défi. Bien le…
17 octobre 2017
Gérer le contexte et non le texte con
Réflexion de qualité,Biologie organisationnelle
Gérer le contexte et non le texte con. Non, pas un mauvais jeu de mots. Je suis abonné à…
Suite à une conversation eu avec François, oui, j’ai osé poser cette question…
La réponse a été sans appel. « Toute dépense doit être validée avant d’être engagée ».
Je me souviens dans « mon ancienne vie » (en France), j’avais à valider des notes de frais et à en présenter à mon supérieur. La démarche était différente, dans la mesure où les dépenses étaient encadrées par des forfaits.
Quand il arrivait parfois que la dépense dépasse le forfait, généralement une simple explication suffisait. Jamais, je n’ai repris un collaborateur parce qu’il avait dépensé trop au restaurant ou parce qu’il avait acheté un ouvrage lié à sa fonction. Et jamais, je n’ai été repris par mon supérieur.
Souvent, il arrivait même que, à l’approche de la fin de l’année, les dépenses étaient encouragées (pour « consommer » un budget).
La principale raison résidait dans la confiance réciproque. Nous faisions partie d’une équipe et tout comportement irraisonnable aurait été auto-censuré. Tout le monde savait qu’il devait rendre des comptes donc personne n’abusait de cette « liberté ».
Intéressant comme réflexion François; Les décideurs n’ont plus les moyens de décider…hum. Selon moi rien à voir avec les $$$ comme tu sembles l’indiquer à la fin de l’article. En fait il est certain que la peur de décider donc l’inaction coute beaucoup plus cher. Une mauvaise décision vaut mieux qu’aucune décision; J’en suis convaincu.
Je serais très curieux de connaitre les commentaires de <>. Selon moi tous sans exception tomberaient par terre d’apprendre que leurs gestionnaires et superviseurs ont peur de prendre des décisions. Alors ou est le problème?
Pour quelques jours ou semaines, noter les décisions prisent sans demander à votre patron et celles approuvé par le patron. Le résultat parlera de lui-même j’en suis convaincu.
AHA! Des réactions!
@ Romuald
Faire partie de l’équipe sous-entend accepter des responsabilités communes et collectives . En général , tous ont ce sens des responsabilités bien que de plus en plus de gestionnaires hésitent à les déléguer car avec la responsabilité vient l’imputabilité, la reddition décompte ET l’autorité de décider.
@ Yves
Une mauvaise décision nous fait au moins avancer dans notre réflexion et notre sagesse alors qu’aucune décision nous laisse dans le doute.
La suite de la réflexion la semaine prochaine!!!
Effectivement je penche vers la peur de décider plutot qu’une peur de dépenser. Et il ne faut pas oublier que les consultations ne se limites pas au supérieurs et comités, il faut maintenant,plus que jamais, prendre en compte les besoins et opinions des travailleurs. Ces derniers appliquerons le principe de la ‘roue qui grince’ en répétant les demandes a divers intervenants( coordonateur,directeur,comité d’amélioration ou de SST) et en arriverons généralement a renverser une décision. A force de devoir arguementer et valider la décision, cette dernière perd de son sens et fini par revenir a un statut quo- laissant le décideur avec un amer sentiment d’échec/impuissance et d’avoir gaspiller des efforts- sans parler de l’enjeux de départ qui n’est pas résolut au final.
J’aime bien cette discussion. Étant spécialisé en efficacité organisationnelle et ayant occupé des postes de gestionaire jusqu’au niveau exécutif j,ai souvent eu à faire face à cette problématique.
En début d’année je négociat un budget mais j’ai appris à négocier les paramêtres décisionels. Même si on a un budget, le patron insiste quelque fois sur le besoin d,approuver chaque dépense. Alors, après de nombreuses frustrations, j’ai décidé de discuter des paramètres, de ce que je pouvais faire ou ne pas faire avant le début de l’année.
Qu’est-ce qui est le plus important pour le boss? Ne pas dépasser le budget de l’année ou ne pas dépasser chaque élément du budget? Où avons-nous de la latitude? Où y a -til aucune discrétion? Comment le boss gère-t-il son budget?
Qu,est-ce qui peut le faire bien paraître ou le mettre dans le trouble?
Quel est le retour sur votre investissement de 25$? Si vous en ressorter une idée qui vous fait sauver 1 heure de temps. vous avez un retour positif. Si vous partagez avec une personne qui s,améliore ou sauve du temps, cela fait 200% de retour . 10 personnes= 1000% de retour sur investissement.
Comment allez-vous approcher votre boss?
JP
[…] Le coût d’une décision […]