L’organisation intelligente N’A PAS une mentalité de succursale !
Un sage a un jour dit que le plus important n’est pas de trouver des réponses, mais de poser les bonnes questions.
Qu’est-ce qu’une organisation intelligente ?
Qu’est-ce qu’une mentalité de succursale ?
Le concept d’organisation intelligente n’est pas nouveau, mais a évolué depuis quelques années. Peter Senge parlait des cinq disciplines en 1990. Joel de Rosnay parlait déjà de vision systémique dans les années 70. Juran et Deming mentionnaient l’aspect humain dans leur vision de système qualité. Margaret Wheatley a abordé le concept également en 1992. Weisbrod, Zara, Laloux, Pflaeging et combien d’autres ? La définition d’organisation intelligente a évolué rapidement depuis l’avènement de l’Internet 2.0 et des réseaux sociaux.
L’organisation intelligente est une organisation connectée ! De l’intérieur avec les Intranets et les LMS (ou learning management systems) et les KMS (Knowledge management systems) mais aussi avec l’externe grâce à….oh, je ne vous embêterai pas avec les nombreux réseaux sociaux, mais sachez seulement qu’il y en a beaucoup et que ça augmente ! Les plus importants ne sont PAS ceux auxquels vous pensez… ah bien sûr Facebook, mais aussi QQ, Q Zone et We chat….utilisés par plus de deux milliards de personnes.
L’organisation intelligente est une organisation qui saura utiliser l’intelligence collective. Cette dernière ne cesse d’évoluer à un rythme fou à cause des partages spontanés qui surviennent à chaque seconde sur la vaste toile de l’Internet.
Comment les utilisateurs de cet immense réseau de connaissances pourront-ils continuer à accepter un environnement de travail qui ne leur permettra pas de mettre à contribution leur cerveau, leurs connaissances, leurs expériences ? Comment supporteraient-ils un environnement fermé, presque cloîtré dans certains cas, qui leur interdit de consulter leurs sources d’information et leur interdit formellement de partager leur expérience avec le monde ? Comment les dirigeants des organisations actuelles pourront-ils endiguer le flot constant et croissant d’information disponible s’ils n’utilisent pas les immenses ressources que leurs employés peuvent mettre à leur disposition ? L’intelligence collective n’est pas un mythe, c’est une force, un capital fonctionnel et opérationnel qui gronde comme un volcan prêt à vomir son magma. Une force qui jaillira d’une façon ou d’une autre. Pourquoi ne pas en prendre conscience dès maintenant et favoriser cette émergence d’une manière… intelligente ?
« Ah, mais, nous attendons des directives du siège social. »
« Oui, bien sûr, mais les budgets de cette année ne permettent pas la mise en place de tels processus »
« Super ! Faites-nous une proposition et nous évaluerons cela en comité pour le soumettre à nos patrons. »
« Très bien. Mais, nous avons un trimestre très chargé dans une année très chargée. Ce sera un excellent projet… pour l’an prochain. »
« À considérer sérieusement lors de notre prochaine planification stratégique…. dans deux ans. »
« Nous avons les mains liées par la stratégique corporative… mais on aime beaucoup l’idée. »
Dois-je continuer ?
À entendre les arguments et les excuses autour de moi, je me surprends à évoquer ma première expérience de travail en 1981 (oui, oui, ça date !) chez Canadian Tire.
Un simple commis avec des idées entouré de collègues d’expérience qui exécutaient avec diligence les ordres du gérant. Les spéciaux de la semaine étaient dictés par le siège social. Nous nous efforcions d’étiqueter manuellement toutes les canettes d’huile avec le nouveau prix (bien avant l’avènement des «codes à barres») et de retirer toutes les étiquettes rouges une fois le spécial terminé. Et on recommençait chaque semaine. Pfffft.
Et un jour, la promotion ! On avait besoin de moi dans l’entrepôt au deuxième. Autre environnement, autres collègues, autre expérience, même travail bête.
Bien que je ne comprenais pas tous les rouages de cette importante entreprise, je compris rapidement le concept de la hiérarchie. Le boss décide et nous, on exécute. Et si le boss du boss décide autre chose, on exécute autre chose. Et si le spécial du « siège social » change, on change les étiquettes ! Vite !
Pas question de laisser les restants du spécial sur les tablettes deux jours de plus pour éviter d’étiqueter de nouveau… oh non !!
Pas question de faire un spécial surprise local… oh non !
Pas question de faire autre chose que ce que le boss ou le boss du boss ou le grand, grand boss dicte.
On exécute.
Tout cela a peut-être du sens dans un commerce de détails. Peut-être.
Mais quand un gestionnaire d’usine adopte le même comportement de gérant de succursale, nous avons un sérieux problème. Quand des gestionnaires voient leur pouvoir de signature, leur marge de manœuvre de budget descendre sous la barre des 1 000 $, nous avons un gros problème.
Quand une opportunité incroyable se présente, une occasion qui change la donne et qui est là, mais que la réaction est « pas dans les plans de cette année »….
ON
EST
DANS
LE
TROUBLE !
Lorsque le bon sens est subjugué par la bureaucratie…
Lorsque l’initiative est étouffée par les plans stratégiques (deux choses qui ne vont pas ensemble selon Mintzberg… et je suis bien d’accord)…
Lorsque le pouvoir décisionnel est intimement lié au budget et non aux objectifs…
Lorsque les indicateurs sont la principale préoccupation d’un gestionnaire plutôt que le respect de la mission…
Lorsqu’on engage encore des gens pour leurs bras sans utiliser leur tête…
Lorsque le « group think » envahit nos réunions et tue la saine controverse…
ON
EST
DANS
LE
TROUBLE !
La mentalité de succursale a malheureusement envahi trop d’organisations. Le rôle des gestionnaires a tellement changé que plusieurs se réfugient derrière leur description de poste pour justifier leur inaction. J’ai déjà traité du coût de l’inaction vs le coût d’une décision.
L’impact de cette mentalité de succursale est énorme.
- Sur la ligne du bas des organisations.
- Sur la motivation des employés.
- Sur l’Avenir des organisations.
La gestion de l’intelligence collective sera salvatrice.
Déjà plusieurs organisations ont pris le virage et réussissent à exploiter à sa juste valeur l’immense potentiel de leurs employés. La gestion de l’intelligence collective n’est pas une recette étatiste cependant, mais bien une philosophie de gestion.
Cette absence de recette miracle fait peur !
Entre autre parce qu’elle nécessite l’abandon de la notion de « Command & Control » si chère aux gestionnaires depuis la publication d’un petit manuel sur les principes scientifiques de la gestion en 1911 par un certain Frederick Taylor….
Entre autre parce que la génération montante est prête à accepter des responsabilités et adopte une tendance naturelle à questionner… après tout, ce sont des « Why ».
Ces jeunes n’attendent pas : ils agissent. Ils sont la fondation de l’organisation intelligente de l’avenir.
Ils ne demandent pas la permission : ils apprendront à demander pardon… éventuellement.
L’autorité ne se demande pas : elle se prend !
La gestion de l’intelligence collective demande une nouvelle définition de partenariat entre les employés et les dirigeants/gestionnaires.
À plus grande échelle, la gestion de l’intelligence collective exige un meilleur partage de l’information et de la prise de décision.
La mentalité de succursale n’a plus sa place dans une organisation intelligente.
J’ai la chance de rencontrer des gestionnaires qui ont tenté l’expérience. De telles rencontres sont exaltantes et laissent entrevoir un avenir meilleur. Un avenir stimulant.
J’ai aussi la chance d’inviter ces gestionnaires à des rencontres de communauté de pratique pour qu’ils partagent leur expérience.
Aurez-vous la chance d’y assister et de changer VOTRE organisation pour la transformer en une organisation intelligente ?
Prendrez-vous cette décision seul, maintenant en sachant que toute votre organisation en profitera ?
Ou attendrez-vous la permission de votre gérant de succursale, qui en parlera à son « boss » qui lui vérifiera si cela fait partie des plans de l’année et qui vous reviendra avec une décision… le lendemain de la date limite ?
Je sais, je brasse la cage….
Je souhaite ouvrir la porte de cette cage….
Je souhaite surtout vous faire réaliser qu’il n’y a pas de cage !
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