L’Homo contactus est arrivé!
Nouvelle ère, nouveau mode de pensée
Harold Jarche a ouvert une nouvelle porte pour moi.
Un article récemment publié sur son blogue a initié une série de pensées dans mon esprit.
Je repense à Rodin et le « Penseur » comme à la vieille façon de penser : solitaire et profond.
Sommes-nous tombés si profond dans une ère des médias sociaux qu’on ne peut plus penser aussi profondément ?
Est-ce que la « vraie » pensée est le résultat de la réflexion solitaire ?
Harold croit que non. Moi aussi.
J’ai récemment utilisé une analogie du cerveau pour expliquer mon point.
Le cerveau est composé de centaine de milliards de neurones et encore plus de cellules gliales, facilitant la connexion entre les neurones. Les connexions entre les cellules neuronales sont principalement aléatoires, chaque neurone se connectant avec au moins 10 000 autres cellules. Aucune neurone ne contient l’information complète. Le réseau neuronal garde de l’espace pour la connaissance.
La nouvelle connaissance est retenue quand le signal est répété fréquemment.
Une expérience avec des mouches à fruits (Proc Natl Acad Sci U S A. 1974 Mar; 71(3): 708–712.Conditioned Behavior in Drosophila melanogaster,William G. Quinn, William A. Harris, and Seymour Benzer) a démontré, il y a des décennies, que même une minuscule mouche à fruit peut apprendre à l’aide d’un stimulus répétitif.
Mais la vraie mémoire apparaît quand un second paramètre est introduit : le repos (Tully T, Preat T, Boynton SC, Del Vecchio M. Genetic dissection of consolidated memory in Drosophila. Cell. 1994;79:35–47). Le repos est nécessaire pour que la synthèse protéique apparaisse. La mémoire à long terme est sensible à la cycloheximide, un stimulateur de synthèse protéique connue, alors que la mémoire à court terme ne l’est pas.
Ok, ok… ça suffit…On en a assez entendu sur mon ancienne vie en tant que biologiste moléculaire.
Je suis maintenant un biologiste organisationnel. Donc, retournons à l’article d’Harold et gardons le dernier paragraphe en tête.
Comment la connaissance émerge-t-elle ?
Penser seul fonctionne. Penser profondément pendant un long moment renforce le stimulus, entraîne des respirations profondes davantage associées avec le repos que l’environnement éducatif d’une classe…plus stressant et pas aussi propice à l’apprentissage que les formateurs en entreprise aiment penser.
Penser seul est un processus long et répétitif. Une personne pense, teste son hypothèse, pense à nouveau et recommence à tester. Toutes les marques d’une connection neuronale se produisent suite à un stimulus. Une mouche à fruits a une abondance de neurones pour utiliser un tel processus.
Un processus lent.
L’évolution et l’histoire prouvent cette théorie.
Mais voilà que les ordinateurs, les réseaux sociaux et les satellites apparaissent.
L’Homo contactus est arrivé!
En observant la progression incroyable des réseaux sociaux, on réalise que l’évolution a pris une tournure radicale pour l’humain.
Les premières années de la progression des réseaux sociaux
2001
1 Mai
Wikipédia, une encyclopédie gratuite que tout le monde peut modifier, est lancée.
Novembre
StumbleUpon, un site web qui recommande du contenu web à ses utilisateurs, connaît ses débuts.
2002
22 Mars
Friendster, considéré le grand-père des réseaux sociaux, est lancé.
Novembre
Technorati, un moteur de recherche pour les blogues, est lancé.
2003
Mai
LinkedIn est lancé. LinkedIn tente d’être connu comme étant une plateforme d’affaires utilisée par les professionnels depuis ses débuts.
23 Mai
WordPress, une plateforme pour écrire des articles, est sorti.
2004
Janvier
Myspace est lancé.
4 Janvier
Google lance Gmail.
Février
Flickr, une plateforme d’images et de vidéos, est accessible
1 Mars
Facebook, un réseau social lancé à Harvard, s’étend aux autres universités.
Octobre
Yelp, un réseau social qui aide les utilisateurs à donner leur avis sur les entreprises locales, est accessible.
5 Décembre
DIGG, un nouveau réseau social, est accessible.
30 Décembre
Facebook atteint 1 million d’utilisateurs.
La connaissance double à toutes les années. Oh… pas la connaissance, mais plutôt l’information. Différence subtile. Et d’ici provient le coeur du problème.
Comme Niels Pflaeging le mentionne, on a besoin de filtrer l’information des bases de données et de les rassembler sous forme de connaissance. Seulement avec une pensée lente et profonde, on peut espérer trouver un sens.
Biiiieen, plus maintenant.
Il y a dorénavant tellement d’informations qu’on ne peut plus réussir seul à trouver un sens. On a besoin de la structure d’un cerveau. Un cerveau relié à plusieurs cerveaux. Un réseau relié à plusieurs réseaux…C’est exactement comment le web fonctionne.
Ray Kurzweil ne décrit pas l’Intelligence artificielle en tant que Terminator/Pouvoir du Skynet/Grille de connaissance ou un ordinateur de type Matrix, mais comme une connexion de milliards de mini ordinateurs…nos cellulaires et le web.
Nous avons donc déjà une base d’Intelligence artificielle : nos nombreux réseaux, tous interconnectés et réactifs.
Un seul commentaire ou « j’aime » sur Facebook pourrait avoir le même effet que le célèbre effet papillon de Lorenz’.
L’apprentissage et la pensée peuvent maintenant être un élément social.
Et vite.
Et profond!
Aussi longtemps que le processus est bien compris.
Harold a proposé cet outil dans son atelier PKM. Je pense maintenant au PKM comme étant l’outil le plus essentiel d’un travailleur à l’ère numérique.
Chercher.
Trouver un sens.
Partager.
Et j’ajouterais humblement …répéter!
Chercher, aléatoirement d’abord, comme un neurone qui se connecte à un autre neurone dans son cerveau.
Chercher à travers toutes ses sources d’information.
Chercher des collègues et des pairs avec des intérêts similaires ou des passions différentes et préparez-vous à être surpris.
Chercher pour trouver un sens à cette information. Auparavant, on pouvait se contenter de lire le journal le matin. Et si vous pouviez lire les journaux de milliers de villes ? Ou plutôt, faire confiance à vos collègues pour sélectionner l’information pertinente et vous la transmettre.
Trouver un sens, filtrer et sélectionner à nouveau l’information pour la transformer, à force de répétitions et de diverses interprétations, en connaissance.
Et finalement partager l’information avec votre réseau. Pour aider. Pour coopérer avec le processus de pensée globale. Pour réfléchir davantage et altérer l’idée initiale.
Pour penser.
Rapidement.
Et profondément.
Ensemble.
À répétition.
À nouveau.
Comme les neurones qui cherchent d’autres neurones pour connecter et partager les neurotransmetteurs et solidifier sa connexion à travers le temps.
Aléatoirement.
Connexion.
Temps.
Répétition.
Le cerveau global qui s’étend à travers Internet.
Un seul cerveau n’est pas la source de la connaissance. Aucune organisation ne peut survivre seule. Nous faisons tous partie d’une « symbiote » que Joel De Rosnay nomme écosystème.
Tous connectés.
Et interdépendants.
Ensemble.
L’homo contactus est arrivé!
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