Au cours d’une discussion avec des retraités, l’un d’eux m’a donné la recette du succès.
Bien que très fier de n’avoir jamais dépassé le budget prévu, ce dernier m’a soudainement , spontanément et innocemment donné la grande recette du succès.
Innocemment car j’ai dû lui faire remarquer ….
“Moi monsieur, j’ai géré mon organisation pendant 38 ans en ne pensant qu’à deux choses : le bien-être de mes employés et la satisfaction de mes clients (des patients de centre d’hébergement et de soins de longue durée).”
Ah , mon cher Monsieur G, c’est probablement pour cela que vous n’avez jamais dépassé votre budget!
“Ah , mais j’ai toujours géré le budget très serré monsieur….”
Je n’en doute pas , mais vos préoccupations étaient d’abord pour vos employés et vos patients… et le budget n’était qu’un outil pour y arriver..
“…Vous avez raison monsieur… vous avez raison…” répondit-il d’un air pensif
Et c’est aussi ce que je m’efforce à faire lorsque que j’organise une activité de développement, une conférence, une communauté de pratique ou une session de formation. La cadre budgétaire s’ajuste pour assurer le succès.
Je ne gère jamais le projet en fonction du budget. Jamais.
Mais je n’oublie jamais le budget. Jamais.
La différence fondamentale entre gérer le budget et gérer le succès donne les résultats escomptés
1- Gérer le budget ?
Pas de déficit
Stress constant pout épargner le moindre dollar
Pression entre les membres de l’équipe
Prise de décision ralentie
Perte de temps à travers maintes discussions pour confirmer le budget et les dépenses imprévues ( car, oui, il y en a!)
Initiatives ….absentes
Sentiment du devoir accompli ? Je vous laisse deviner.
2- Gérer le succès
Engagement élevé
Initiative pour réussir malgré les contraintes budgétaires
Idées pour générer d’autres sources de revenus afin de payer pour les imprévus
Créativité augmentée pour générer un effet “wow”
Déficit potentiel présent dans les esprits de tous
Don de temps pour arriver à créer un succès
Sentiment du devoir accompli ? Nul besoin de calculer le ROI (retour sur investissement) quand on voit les sourires des participants.
Ah oui… envie de recommencer !
Ça, c’est ma petite et très humble expérience.
C’est aussi la raison de mon départ à chaque emploi avant de lancer mon entreprise en 2005.
Cependant, je peux extrapoler…
Quand je regarde comment nos fonctionnaires gèrent nos ministères
Quand je vois comment les gestionnaires de nombreuses compagnies hésitent à prendre des décisions qui affecteraient leur bonus
Quand je vois des équipes qui demandent la permission au patron pour la moindre décision
Quand je vois des gens honnêtes, professionnels et diligents qui cessent d’avoir des idées à force de se faire dire… ce n’était pas dans le budget de cette année
Quand je vois des échecs successifs saper l’initiative des nos collègues à cause d’une limite de budget, toujours le budget.
Et je repense à ce gestionnaires d’expérience à la retraite qui ne perdait jamais de vue son budget mais qui gérait surtout pour le bien-être de ses employés et pour satisfaire ses clients.
L’argent est-il vraiment l’obstacle au succès ?
Ou ne serait-il pas simplement un levier et non une fin en soi ?
J’utilise souvent des analogies avec l’automobile pour faire comprendre à mes clients et partenaires certaine évidence.
Gérer son budget comme trop de gens le font , c’est comme remplir son réservoir d’essence, désirer aller de Montréal à Québec mais conduire en ne regardant que la l´indicateur d’essence. Non seulement, cette conduite est dangereuse et imprudente (difficile de voir la route si on a le regard fixé sur l’indicateur !) mais conduire de cette façon nous empêche d’apprécier le voyage, d’éviter les obstacles ou de changer de trajet selon les besoins.
Ah oui, oubliez les pauses biologiques puisque qu’arrêter et repartir le moteur consomme plus d’essence qu’une conduite sans variation de vitesse. Et ça use les freins inutilement… vive les urinoirs portatifs!
Et si l’arrivée de l’équipe de bonne humeur permettait ensuite d’accomplir plus ? Et si la pause biologique pendant le trajet assurait une conduite plus efficace ? Et si une plus grande consommation d’essence occasionnée par un long détour sur une route plus sécuritaire permettait à toute l’équipe d’arrivée saine et sauve?
Et si l’arrivée à Québec n’était qu’une étape dans un long processus, celui de la réussite de l’organisation à long terme ?
À l’inverse, et si les économies de bout de chandelle encourageaient toute l’équipe à démissionner?
En regardant la façon dont plusieurs grands projets sont gérés dans nos organisations je dois, bien humblement , poser ces questions :
A-t-on oublié pourquoi ces organisations existent?
A-t-on oublié QUI est le moteur des ces organisations?
J’essaie d’imaginer une cellule qui adopterait ce comportement… non, on ne digère plus ce nutriment, notre quota est dépassé. Quoi ? Le muscle a fait plus d’effort que prévu pour atteindre la ligne d’arrivée ? Tant pis ! Notre budget d’ATP est dépassé.
Une entreprise qui doit investir dans son parc informatique…
Une organisation qui doit former ses employés pour utiliser le nouveau système de gestion des stocks…
Une PME qui envoie ses représentants dans les rencontres de réseautage et les conférences pour développer des relations d’affaires…
Un travailleur autonome qui écrit un blogue pour se faire connaître…
Une coopérative qui paie un de ses collaborateur pour éplucher les média sociaux et améliorer la visibilité envers les clients potentiels…
Ajouter des petits “plus” aux participants de vos activités corporatives pour créer un évènement mémorable…
Tout ceci a un coût. Malheureusement , dans l’esprit de trop de gestionnaires le “coût” est la composante qui est scrutée à la loupe.
Alors que la “valeur” est oubliée.
La valeur de l’investissement est souvent méprise pour le coût. La valeur dépasse le retour sur investissement. Ce dernier calcul est basé sur des données brutes et froides. La valeur inclut des composantes d’intangibles difficiles à chiffrer mais reconnues de tous
Engagement
Motivation
Mobilisation
Désir de réussir
Entraide
Collaboration
Etc.
La colle qui unit les élément ses organisations, les gens.
La question revient : voulez-vous gérer un budget ou le succès?
Gérer le budget est à la portée de tous.
Des études récentes sur les gradués de Harvard qui sont devenus CEP de grandes entreprise ont démontré une grande tendance… La très grande majorité de ces “stars” ont catapulté leur entreprise au sommet et en ont retiré de généreuses récompenses… mais une catapulte est en général utilisé à des fins destructrices… Le projectile monte et redescend avec fracas. Et c’est ce qui est observé… la plupart de ces “succès” à court terme sont basés sur un contrôle des finances et non une croissance de la valeur.
Gérer le budget est à la portée de tous. Les recettes de résultats à court terme, de coupures sauvage et de manipulation de chiffres (dire que les urgences sont moins occupées en déplaçant des civières dans les chambres par exemples) sont légion.
Gérer le succès … ah ça c’est une autre histoire.
La question est pertinente et je vous invite à y répondre pour ensuite modifier ce qui est requis pour être congruent avec votre réponse :
Voulez-vous gérer le budget ou le succès?
Crédit photo : Samuel Zeller sur Unsplash
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30 septembre 2024
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Je bien d’accord avec vous, je connais de jeunes directeurs qui quittent des postes pour cette raison car lorsqu’on cherche à gérer le succès dans une organisation qui gère le budget on se brûle dans tous les sens du mot. Les plus sages ou les plus expérimentés quittent avant, les plus jeunes y laissent des plumes.
Tellement triste mais encore tellement vrai. C’est une des raisons qui me poussent à offrir des interventions donc le Collectif de Réflexion en Agilité Manageuriale e le Collectif de Réflexion sur l’Organisation Intelligente . Ensemble nous développons une vision du monde qui pourrait se réaliser en augmentant le courage des gestionnaires, et leur influence au sein des organisations.
Peut-être nous y rencontrerons-nous un jour?
http://www.communautesdepratique.com