Et si on avait tout faux ?
Et si l’atteinte de NOS objectifs se traduisait en prime de rendement pour tous ?
Et si la performance individuelle n’existait pas ?
Niels Pfleaging, dans son livre provocateur, Organize for complexity de 2015, suggère d’éliminer les bonus de performance. Son argument : Personne, personne ne peut atteindre les objectifs établis par l’organisation tout seul.
Certains poussent plus fort, certains mettent plus d’efforts, oui.
Mais qui peut se vanter d’être le seul responsable de l’atteinte des objectifs de son équipe, voire de son service entier ou même… gulp, de toute l’organisation ?
Le président mérite-il autant de crédit à propos du succès de SON organisation ?
ON dit que l’écart de salaire entre les hauts dirigeants et le plus bas salarié n’a jamais été aussi grand. Cela ne suffit-il pas à motiver le président et son entourage ? Faut-il en plus qu’il obtienne la plus grande part du gâteau quand il s’agit des primes de rendement ?
Je suis toujours étonné de constater le niveau de la bassesse humaine quand on parle d’argent. On dit que toute personne a son prix. D’accord, je comprends le concept, peut-être moins avec le concept. Mais je n’accepte pas que ce prix soit si bas pour certains. Au fil des mandats, au fil des ans, j’ai vu certains comportements de gestionnaires qui me laissent franchement déçu de l’humanité.
Et c’est sans même inclure les comportements de nos « bons » gouvernements qui ne cessent de gérer un budget pour notre bien commun en oubliant la raison d’être d’un gouvernement, en oubliant les codes d’éthique et en acceptant toute sorte de retour d’ascenseur pendant ou après leur règne…
Comment un ministre de la Santé peut-il détruire le système en instaurant un régime de peur et de représailles tout en annihilant la motivation et la mobilisation des employés dont la vocation reste immaculée et sans penser qu’un jour lui-même ou des membres de sa famille devront utiliser et être victime de ce même système de santé amoindri ?
Comment un gestionnaire dans une entreprise peut-il cacher des coûts de correction de ses erreurs, mois après mois, ou même refuser de divulguer ces coûts au président de l’Entreprise lorsqu’on lui demande sans réaliser que les objectifs financiers de la compagnie ont aussi un impact sur lui, son salaire et l’Avenir de son équipe, ses collègues et même, dans certains cas la compagnie ?
Comment peut-on avoir une vision à court terme si tordue par l’appât du gain qu’aucune logique ou argument sensé ne peut faire « voir » la réalité ?
Hey, bonhomme (j’inclus aussi, bien sûr, des femmes dans mon histoire) ! Ne vois-tu pas que c’est un mur devant toi ? Non, ce n’est pas un simple brouillard épais… non, ce n’est pas un brouillard, ÉPAIS… c’est un mur ! Et tu vas le percuter plus vite que tu ne le crois !
D’où vient cette quête fébrile du profit à court terme ?
N’a-t-on pas parlé des bénéfices de l’intérêt composé depuis des décennies ? De l’impact de faire bien, petit à petit, mais de façon persistante ? Warren Buffet et sa discipline d’investissement accompagnée de son succès financier (il a été l’homme le plus riche pendant plusieurs années, mais a été déclassé par les propriétaires des technos récemment… Bezzo d’Amazon et Gates de Microsoft [2017])
D’où vient cette peur maladive de l’échec ?
N’a-t-on pas tous appris à marcher en tombant… à répétition?
Le meilleur frappeur au baseball n’a-t-il pas une moyenne d’environ 350, c’est-à-dire un taux d’échec de 65 %?
Et ne sommes-nous pas entourés de modèle pour qui le long terme compte plus que tout ?
Pas seulement des philosophes ou scientifiques qui prêchent pour un monde meilleur, mais des organisations qui investissent dans le futur et dans leurs employés
Gore
FAVI
SEMCO
Red Hat
Tesla
Et bien d’autres qui font les nouvelles à l’occasion, mais qui affichent de solides performances financières basées sur des modèles d’affaires alternatifs et qui fonctionnent de façon éthique.
Cependant, malgré ces modèles inspirants nous sommes aussi entourés de gestionnaires [je ne parle pas de leader car, pour moi, un leader est inspirant et non craint] cupides et jouant les demi-dieux, de pseudo-empereurs mégalomaniaques, de chefs de gouvernements dictatoriaux et presque tortionnaires, de banquiers véreux [tout le monde sait bien que la Réserve Fédérale américaine est en fait une banque privée qui abuse de son rôle et saigne à blanc les contribuables… et que notre dette canadienne est gérée aussi par une banque privée qui fait exactement la même chose]…
En sachant cela, pourquoi restons-nous inactifs ?
Pourquoi refusons-nous de sortir un jour de pluie pour aller voter ?
Pourquoi ne s’implique-t-on pas davantage lors des conseils de municipaux, là où l’action citoyenne a le plus d’impact ?
Pourquoi n’élevons-nous pas la voix lorsque le président de notre organisation ouvre une période de questions ?
Pourquoi nous plaignons-nous seulement autour de la table, à l’heure du lunch, et non pendant la réunion syndicale ? Ah oui, en considérant que nous assistons à cette réunion bien sûr…
Pourquoi ne sommes-nous pas solidaires quand un de nos collègues ose avoir le courage d’énoncer verbalement ce que la plupart pensent sans prendre la parole ?
Pourquoi avoir peur de perdre son emploi alors que nous vivons dans une époque où la main-d’œuvre spécialisée et compétente se raréfie ?
Yves Lusignan, un prospectiviste, m’a ébloui récemment en m’expliquant que nous sommes en transition. Nous passons progressivement d’une époque de droits et liberté à une autre de privilège et responsabilité.
Nous avons le privilège de vivre dans une société dite démocratique et nous avons la responsabilité de voter.
Nous travaillons pour un employeur. C’est un privilège d’avoir un emploi qui nous garantit un salaire [c’est aussi un privilège de pouvoir créer sa propre entreprise, mais dans ce cas, la garantie de salaire disparaît…].En échange, nous avons la responsabilité de nous assurer de remplir nos obligations professionnelles pour l’atteinte de NOS objectifs.
Il va donc de soi que l’atteinte des objectifs communs devraient aussi avoir une répercussion commune, proportionnelle peut-être selon les efforts et les responsabilités, mais commune quand même!
À l’inverse, les erreurs sont aussi la responsabilité de la communauté. Oh, on aimerait tant blâmer une seule personne pour tous les maux qui nous affligent ! On s’en débarrasse et pouf ! Tout redevient normal. La réalité est que l’entourage de cette personne était fréquemment consciente des erreurs et des impacts à venir….et n’a rien fait . Pour diverses raisons, toutes justifiables à divers degrés, mais ultimement fragile si on garde en tête le bien commun à long terme…
Vision commune, intérêts communs… bonus ?
Bonus communs donc!!
Vision commune, intérêts communs… et conséquences communes ?
Ah bien sûr !
On gagne ensemble ou on perd ensemble.
Mais pour que ceci fonctionne, il faut aussi jouer ensemble.
Pas seulement pour une partie…
Ah oui, pour jouer ensemble, il faut aussi que les règles soient claires… et que les règles soient les mêmes pour tous les joueurs.
Ah….Tiens… il est peut-être temps de ré-expliquer les règles à tout le monde.
Vision commune, intérêts communs… bonus ?
Oui.
Bonus communs.
Crédit photo : Sidharth Bhatia sur Unsplash
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