Rareté implicite.
Je n’avais jamais entendu cette expression avant de connaître Yves Lusignan.
Yves est un expert en prospective. Il étudie et analyse les scénarii du futur en se basant sur es perception du présent. Yves est philosophe aussi. Pour lui, le présent n’est pas la suite du passé, mais le début du futur.
Riche en implication!
Porteuse d’Espoir également si on prend le temps de changer nos habitudes et nos paradigmes pour faire mieux demain!
Ah demain!!
Après deux ans de pandémie, un effondrement de nos chaînes d’approvisionnement, des tablettes vides à l’épicerie et une crise climatique qui s’annonce, on peut quand même se demander si l’humanité n’a pas fait fausse route.
Yves Lusignan est lucide. Depuis plusieurs années, il a prévu ce que nous vivons actuellement. Depuis 50 ans, Yves et plusieurs autres préviennent l’humanité que les «crises» actuelles ne sont que des signes avant-coureurs de ce qui s’en vient.
Le Club de Rome en 1972 avait publié une série de prévisions sous la forme d’un rapport appelé «Les limites de la croissance». Pas une lecture légère je vous jure!! Ni encourageante! La mise à jour de 2002 est encore pire, car toutes les prédictions sont confirmées! Et rien ne s’est amélioré depuis comme en témoigne analyse détaillée des prédictions par KPMG, une organisation qui habituellement, ne veut vraiment pas confirmer ce genre de nouvelles apocalyptiques
En gros : L’auteur a constaté que le scénario des limites qui suivait le plus fidèlement était le scénario de base, qui conduisait à un déclin industriel au cours de la prochaine décennie environ, et à un déclin démographique au cours de la décennie suivante.
Une autre façon de voir tout cela selon un second auteur :
“le capital industriel et les ressources non renouvelables se combinent pour créer une production industrielle, qui à son tour crée une pollution persistante. Celle-ci réduit alors la production alimentaire — et donc le capital est détourné de la production industrielle vers la production agricole, et donc, à son tour, la production industrielle diminue.»
Oh boy!!
On réalise peu à quel point notre mode de vie est basé sur des systèmes interconnectés et bien huilé, développé depuis un siècle pour satisfaire les besoins de la population et la croissance des industries, les deux étant intimement liées. La création d’une classe moyenne, un phénomène qui n’avait jamais existé avant le XXe siècle a contribué à cette croissance et les marchés stables d’après-guerre (les trente glorieuses!), combinés avec le baby-boom ont créé la civilisation que nous connaissons, apparemment invincibles et avec le regard fixé toujours plus, haut..
Croissance, croissance!!
On commence à comprendre aujourd’hui à quel point cette croissance continue et la recherche de profit à tout prix auront causé des dommages irréparables à l’environnement et à nos sociétés. La récente controverse au Québec de la fonderie Horne et de ses émissions toxiques qui avaient déjà été identifiées il y a plus de 20 ans nous fait réaliser encore une fois que les grandes corporations sont en fait les maîtres de la planète… et non les gouvernements. Des commentaires douteux de la part de nos dirigeants à l’effet que «personne ne va mourir» ne font que confirmer nos doutes.
Il faut que ça change!
J’entends souvent dire que tout commence par nous…les petits gestes comptent.
OUI…
Mais les lois doivent aussi changer et de façon radicale.
Mais encore…
Nos sociétés sont un vaste système de systèmes entrelacés. J’aime le concept de transcontextualisation véhiculé par Nora Bateson. De l’information transcontextuelle qui explique les interactions entre systèmes complexes. Oui… assez intense comme concept…et un indicateur qui démontrent que nos sociétés et les problèmes actuels ne peuvent être facilement compris. Einstein le disait mieux :
Les problèmes significatifs d’aujourd’hui doivent être résolus avec une perspective différente de celles avec laquelle ils ont été créés.
Nous vivons dans ce que Yves Lusignan appelle une société ou l’abondance est implicite. Une société de droits et libertés. On l’a beaucoup entendu depuis le début des restrictions sanitaire…» libârté!»
Les communications de tous les gouvernements de la planète nous ont forcés à contester le bien-fondé de leurs décisions. Décision de ne pas porter le masque… parce qu’on allait manquer de masques?
Vaccinations pour les populations à risques… en oubliant les enfants
Retour en classe «normal»… sans ajouter de ventilation?
On commençait à comprendre l’interaction entre les systèmes et nos valeurs, entre les objectifs à court terme et les stratégies économiques, entre les discours électoralistes et le désir d’améliorer les systèmes de santé partout dans le monde.
Upton Sinclair avait pourtant vu juste… «that systems tend to pursue goals which are not necessarily good for the common wealth».
Donc, nos systèmes nous ont habitués à des Droits et libertés et une abondance implicite, du moins dans les pays industrialisés. Ceux-là mêmes qui consomment à outrance! Rappelez-vous que les Américains représentent 5 % de la population du monde, mais consomment 25 % des ressources. Les Américains ne sont pas les seuls à blamer car la planète entière les envie et tente de les imiter. La classe moyenne en Chine croît à un rythme hallucinant alors qu’elle diminue aux USA. Rappelez-vous que ces graphiques montrent des pourcentages… 50 % des Américains égalent 150 millions. 50 % de Chinois égalent 800 millions!!!
À ce rythme, pas surprenant de voir les villes chinoises sous les brumes polluantes de leurs industries qui carburent au charbon…
J’ai rencontré Seb Paquet en 2018 et ce dernier m’a amené sur un chemin que j’avais peu exploré. «Survivrons-nous à l’abondance?» m’avait-il demandé à l’époque? Quelle perspective intéressante (le détail de cette réflexion est ici.
Je lisais récemment cette fable : lorsqu’une souris est dans un bocal rempli de riz, elle pense que la vie est amusante et agréable, car elle a suffisamment de nourriture. Elle restera donc dans ce bocal et en profitera jusqu’à ce que le riz soit épuisé.Un jour, le pot sera vide et elle verra qu’elle a été piégée dedans et ne pourra jamais sortir de ce pot.
J’y vois un lien direct avec ce que nous sommes. Une souris qui se gave sans penser aux conséquences.
Survivrons-nous à l’abondance?
Pas à ce rythme.
KPMG l’a encore confirmé en 2021, et ce , malgré la résistance des toutes les industries depuis la publication du rapport original du Club de Rome il y a 50 ans!
Je reviens sur ces conversations avec Yves Lusignan et Seb Paquet. Nous passons d’une société d’abondance implicite à une autre de rareté explicite selon Yves. On le voit à l’épicerie depuis le début de la pandémie. Des tablettes vides. Moins de choix (qui a besoin de 27 sortes de confitures???). Yves dit aussi que nous passons d’une société de Droit et libertés vers une société de privilèges et responsabilités. Ceci m’est apparu clairement lorsque j’ai reçu ma première dose de vaccin en 2021.
Le changement est en train de se produire.
Clairement nous ne pourrons survivre dans cette abondance. L’humain a toujours lutté pour sa survie. Cette apparence d’abondance, ce pot rempli de riz dans l’histoire de la souris, nous fait courir à notre perte!
Il faut changer donc.
Et les gourous de la haute finance, ces oiseaux de mauvais augure, nous mettent en garde contre les coûts astronomiques que cela va engendrer. Comment nos économies complexes pourront-elles s’adapter? (Question implicite , comment nos élites vont-elles survivre? Ah oui… la misère des riches).
Ah bon.
Lorsque je prends une décision pour ma compagnie, je calcule les coûts bien sûr, mais aussi les coûts potentiels si je ne prends pas cette décision. Le calcul est en général assez simple. Prenons un exemple récent où toutes ces questions ont été remises sur la table : COVID19. Les coûts de la pandémie sont énormes! Selon les estimations récentes, presque 20 Trillions! Combien auraient coûté des mesures de prévention, une optimisation du système de santé, demandé à grands cris depuis des décennies, etc.?
L’OMS a publié un rapport accablant de la gestion de la pandémie. Dans ce dernier, un (plusieurs passages, mais bon… je me limite malgré les 2500 mots de ce test) passage m’a frappé :
«Malgré les avantages substantiels à long terme, les dirigeants ont toujours omis d’investir de manière adéquate dans la prévention des pandémies, attendant plutôt qu’une pandémie survienne avant d’agir, et payant ainsi un prix bien plus élevé. Le rapport 2020 du GPMB note que, même si le monde portait ses investissements dans la préparation à des niveaux adéquats, il faudrait encore 500 ans pour dépenser autant pour la préparation que ce que le monde perd à cause du COVID-19.»
500 ans!
On peut imaginer les coûts de la crise climatique. (correction, no ne peut pas… ce sera pire que tout ce qu’on imagine…). Crise incidemment mal nommée, car la vraie crise est une crise de l’économie de marché globale et de l’extrême consumérisme que nous avons développé insidieusement depuis la dernière guerre mondiale.
Une partie du problème pourrait être réglée par une réglementation coriace des industries. On a éliminé le lien entre l’église en l’état dans la plupart des pays . Il faut maintenant éliminer le lien entre l’industrie et le gouvernent, les lobbies, les subventions et subsides, les lois de gestion de l’offre et le financement des partis politiques par les corporations.
Une partie du problème…
Une autre partie concerne une ressource explicitement — et faussement — rare, mais artificiellement contrôlée: l’argent.
Il est difficile de comprendre pourquoi on tente de nous faire croire que les solutions à la crise environnementale vont coûter cher et déstabiliseraient l’économie quand, dans un même souffle, les gouvernements de la planète ont littéralement créé des milliers de milliards pour aider leurs populations pendant les périodes de confinement en 2020… pour sauver l’économie.
Hein?
Il est difficile de comprendre pourquoi on vit une pénurie de main-d’œuvre alors que les profits des compagnies ont honteusement augmenté pendant la pandémie. Il est peu aisé de comprendre que les grands banquiers du monde hésitent à choisir entre inflation et récession.
Comment? Les banquiers vont choisir et décider? Et la main invisible du marché alors?
J’ai eu un choc en écoutant The big short. Une dramatisation de la crise financière qui secoua le monde en 2008, j’y appris que la Réserve Fédérale américaine, une institution que je croyais objective et sous la responsabilité du gouvernement américain, était en fait une banque privée.
Une banque privée qui décide des taux d’intérêt que le gouvernent américain va lui verser pour la dette qu’il a contractée.
Bin voyons….Ceci a chamboulé ma conception de la finance.
Et ce n’était que le début…
Je croyais aussi que la valeur d’une devise était basée sur une valeur «solide» comme les réserves d’or de Fort Knox… ou celles de la Réserve Fédérale… valeur solide pour supporter… quoi finalement? La valeur totale de leurs réserves combinées est seulement 320 milliards
Les plans d’aide aux Américains pendant la COVID ont totalisé quelques trillions (on arrondit, mais, hey, qui regarde finalement!)
Disons 3000 milliards. Environ 10 fois la valeur de la réserve d’or. D’où vient cet argent?
De… rien.
Les banques privées du monde ont créé ces argents et les ont «prêtés» aux divers gouvernements pour que ces derniers pussent aider leurs citoyens. Les gouvernements devront ensuite rembourser les banques à un taux d’intérêt déterminé par… les banquiers.
Je répète : les banques créent de l’argent et la prêtent pour ensuite se faire rembourser avec intérêts.
On appelle cela de l’argent fiat (terme latin signifiant «que ce soit fait»). Ou monnaie fiduciaire. Il est à noter que «contrairement à la monnaie basée sur des marchandises, comme les pièces d’or ou les billets de banque échangeables contre des métaux précieux, la monnaie fiduciaire est entièrement garantie par la confiance totale dans le gouvernement qui l’a émise.»
Rien n’empêche la croissance infinie donc…
oups!
Quel impact catastrophique pour notre planète! On s’éloigne d’une attitude de «juste assez» plus saine.
Revenons au titre…
Rareté implicite.
L’argent fiat est une rareté explicite.
On la crée au besoin pour servir les intérêts des grandes banques ultimement. Des banques privées (je tente d’imaginer monsieur X et madame Y qui sont propriétaires de ces banques et qui nage dans des sommes astronomiques d’argent… peine perdue). Mais la rareté perçue de l’argent en a pris un coup pendant la pandémie quand soudainement tout le monde recevait des subventions. Et quelques mois plus tard , on tente de nous faire croire que les budgets pour améliorer les conditions des salariés du système de santé sont limités. Que les infrastructures déficientes de nos sociétés coûtent cher, que les écoles vétustes sans système de filtration adéquats devraient attendre un peu avant d’être rénovées. …
Pendant que les grandes corporations font des profils records…
Je ne suis pas conspirationniste. Loin de là!
Le système dans lequel nous vivons est l’œuvre d’une suite de décisions engagées vers la croissance de nos sociétés sans penser aux conséquences sur les sociétés ou sur l’environnement. Ce ne sont pas le résultat d’une puissance maléfique (ou pédophile!) mais bien comme le disait Upton Sinclair,
«It is difficult to get a man to understand something, when his salary depends on his not understanding it.»
Les changements climatiques nous frappent tous. Riches et pauvres.
Au-delà de l’argent, qui est somme toute disponible et non aussi rare qu’on veuille nous le faire croire, notre attitude face à l» abondance, la richesse et la croissance doivent changer. La rareté explicite que nous vivons dans nos magasins confortables et habituellement bien remplis nous fait réaliser qu’en effet, notre style de vie est un privilège et non un droit.
Et que nos libertés devraient se transformer en responsabilités.
Autrement, nous ne survivons pas à cette abondance.
Finalement Seb Paquet avait raison : l’humain évolue mieux en mode de survie. La grandeur de l’humanité se révèle pendant les crises. L’entraide redevient la loi de la jungle, la seule loi qui nous permet de réellement grandir.
Sans vouloir avoir l’air pessimiste, la crise climatique qui arrive nous fera peut-être évoluer au lieu de détruire l’humanité.
Ah oui, l’humanité et plusieurs espèces animales… pas la planète cependant. Cette dernière a survécu à bien pire. Mais l’animal humain lui, pourrait payer cher cette abondance implicite qu’il considère comme un droit.
Rareté implicite.
Cette rareté implicite, cette incertitude que la crise climatique suspend au dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès pourrait en fait être notre salut.
Rareté implicite.
Notre prochaine réalité, si nous ne changeons pas radicalement notre vision de l’abondance.
Ce ne se serait peut-être pas une si une mauvaise chose après tout.
Yves avait partiellement raison…je crois que nous sommes une société de droits et liberté ,une société d’abondance implicite
Et nous redeviendrons une société qui accepte la rareté implicite, apprécient ses privilège et respectent ses responsabilités
Et voilà…c’est-tu pas assez utopique à votre goût?
Le livre de Niels Pfleaging que j’ai eu le privilège de traduire!
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