La peur organisationnelle afflige-t-elle votre organisation ?

De tout temps (enfin, je me limite à la période après le Big Bang, car avant le Big Bang le temps n’existait pas. Bon, bon, disons depuis que l’homo sapiens est semi-conscient de son environnement) la peur a guidé nos actions. Le cerveau reptilien, celui qui est le plus ancien de nos trois cerveaux crâniens (car, oui, il y en a deux autres semble-t-il un dans le cœur et un autre dans la région des intestins.. vous savez, le « gut feeling») a su bien gérer la peur.

La «fight ou flight reaction» que nos cousins anglo-saxons caractérisent si bien. Le cerveau reptilien prend le contrôle de tout le corps en stimulant la sécrétion d’adrénaline.

Fight or flight !

La lutte ou la fuite.

Dans les deux cas, l’hormone de survie nous donne des ailes et une force insoupçonnée.

Génial lorsqu’un tigre à dents de sabre, un grizzly ou un raton laveur affamé nous montrent les dents (pour ceux qui doutent de la férocité du raton laveur affamé, faites une recherche sur Google vous serez surpris !)… Une réaction de survie qui nous pousse à réagir rapidement.

Très, très pratique en forêt préhistorique.

Moins, beaucoup moins pratique en salle de réunion.

Surtout si vous ne pouvez réprimer le réflexe de montrer les dents et de cracher sur votre ennemi… très, très, très CLM (Career limiting move).

Pourquoi d’ailleurs aurait-on encore une telle réaction en cette aube du XXIe siècle ?

Les environnements de travail auxquels nous faisons face aujourd’hui ne ressemblent en rien à ce que nos ancêtres devaient affronter.

Cependant…

Le cerveau reptilien n’a pas évolué à la même vitesse que notre environnent organisationnel; lorsque nous sentons une menace, notre cerveau réagit. Nous avons partiellement appris à contrôler la réaction de lutte/fuite, mais l’adrénaline et le cortisol sont quand même relâchés dans notre système et causent à la longue de grands dommages. Stress, burnout, dépression et dans certains cas rage et violence contre les collègues.

Mais la peur organisationnelle peut être déclenchée par des situations si insidieuses que celles-ci passent souvent inaperçues.

Peur de quoi finalement ?

  • Peur de faire valoir son opinion ?
  • Peur de dire vraiment ce qui se passe ?
  • Peur de soumettre une idée ?
  • Peur de se faire dire « ah la bonne idée ! Arrange-toi pour que ça marche !
  • Peur d’avoir trop de responsabilités
  • Peur d’accepter un nouveau projet
  • Peur de refuser un nouveau projet !
  • Peur de se faire tabletter
  • Peur de se faire congédier
  • Peur de se faire ré-organiser
  • Peur de se faire “organiser” !
  • Peur de ne pas pouvoir partir à l’heure
  • Peur d’être en retard à une autre réunion inutile ?
  • Peur d’arriver en retard à cause de la circulation ?
  • Peur de remettre un rapport mensuel en retard… rapport qui ne sera lu par personne.
  • Peur d’avoir l’air fou ?
  • Peur de déplaire à un collègue ?
  • Peur de fâcher un patron ?
  • Peur de froisser un directeur qui fera partie de votre comité d’évaluation ?
  • Peur de blesser une subordonnée ?
  • Peur de demander une permission spéciale ?
  • Peur de dépasser le budget ?
  • Peur de se faire dire “non” ?
  • Peur de dire “non ! ”
  • Peur de faire une erreur ?
  • Peur d’avoir raison ?
  • Peur de perdre la face
  • Peur de faire perdre la face à un collègue ou son patron ?
  • Peur de se faire accuser ?
  • Peur de dire la vérité …

Peur d’avoir peur ?

Et à chaque fois, le cerveau reptilien s’en met à cœur joie en sécrétant ces minuscules molécules du stress…

  • et on apprend à se retenir, à cacher les sueurs froides qui nous coulent entre les omoplates
  • et on va se chercher un café et un beigne pour que ça passe…
  • ou on commence à fumer… juste une par jour…
  • et un comprimé pour la douleur lancinante qui nous transperce le front
  • et un cachet antiacide pour les brûlements d’estomac
  • et une visite chez le médecin pour cette inflammation qui dure et dure
  • et une toux sèche qui ne veut pas nous quitter
  • et une conversation qui finit sur les chapeaux de roues avec un ami, un fils ou une conjointe.
  • et la motivation pour aller au gym qui se transforme en un goût prononcé pour les 5 à 7…

POURQUOI ?

Parce que nous avons peur.

Peur de faire face aux situations qui déclenchent ces réactions.

Peur de sortir de notre zone de confort.

Un collègue me disait récemment que le succès est ce qui se trouve à la limite de notre zone de confort. Succès ?

Un sage disait que le succès est la poursuite en continu d’un but noble.

Maslow parle de différents niveaux de succès.


 

Pyramide_des_besoins_selon_Abraham_Maslow

Tiré de Wikipédia


La peur organisationnelle se situe, selon moi, entre entre le besoin d’Appartenance et celui de l’Estime de soi.

Et toc !

Nous voulons tellement faire partie de la gang que nous sommes prêts à négliger notre estime personnelle.

 

Et si …

Faire valoir son opinion vous valait une tape dans le dos ?

Dire vraiment ce qui se passe était vu comme un signe de courage ?

Soumettre une idée invitait un collègue à en soumettre une également ?

Se faire dire “ah la bonne idée ! Arrange-toi pour que ça marche ! ” était la voie vers une promotion ?

Avoir trop de responsabilités vous permettait de mettre en place un système de délégation collaborative ?

Accepter un nouveau projet vous forçait à revoir vos priorités ?

Refuser un nouveau projet était la preuve que vous avez bien défini vos priorités ?

Se faire tabletter vous donnait l’opportunité de réfléchir sur votre avenir sans pression ?

Se faire congédier était une autre opportunité pour vous remettre en question et vous permettre de vous améliorer ?

Se faire ré-organiser était une occasion en or de faire autre chose ?

Se faire “organiser” était que le signe final que cette organisation et vos pseudo-amis ne méritent pas votre confiance et que vous pouvez faire mieux ailleurs ?

Ne pas pouvoir partir à l’heure vous encourageait à discuter d’horaire flexible avec votre patron ou vos conjoints ?

Être en retard à une autre réunion inutile vous permettait de confirmer que votre présence n’apporte aucune valeur ajoutée alors que votre absence à cette réunion vous permettait de faire autre chose… de grande valeur ?

Arriver en retard à cause de la circulation vous donnait enfin le temps d’écouter un livre audio… relié au travail ou non !

Remettre un rapport mensuel en retard (rapport qui ne sera lu par personne) vous donnait le courage de questionner la pertinence de ce rapport ?

Avoir l’air fou fournissait à votre patron une occasion de vous voir sous un jour nouveau ?

Déplaire à un collègue vous confirmait que d’essayer de plaire à tout le monde vous assure de déplaire à la plupart d’entre eux !

Fâcher un patron vous permettait de faire valoir un point de vue pour le bien de votre entreprise tout en signifiant à votre patron que vous le faites pour l’aider.

Froisser un directeur qui fera partie de votre comité d’évaluation vous donne l’occasion de mieux cerner vos allégeances ?

Blesser une subordonnée ouvrait une porte vers une relation plus saine la prochaine fois ?

Demander une permission spéciale ne faisait pas si mal ?

Dépasser le budget pour les bonnes raisons pouvait sauver votre équipe ou même la compagnie ?

Se faire dire ‘non’ vous rappelle qu’étant enfant vous n’acceptiez pas ce mot si vous teniez vraiment à quelque chose…

Dire ‘non ! ’ avec le sourire vous enlevait un poids sur les épaules ?

Faire une erreur et apprendre de celle-ci vous faisait grandir ?

Avoir raison vous mettait face avec une autre réalité ?

Perdre la face vous faisait prendre conscience de vos limites ?

Faire perdre la face à un collègue ou son patron LUI faisait prendre conscience de ses limites ?

Se faire accuser vous donnait l’occasion de défendre votre position ?

Dire la vérité était de toute façon la seule façon de vous faire dormir cette nuit ?

Peur d’avoir peur ?

Et si on se faisait des idées ?

Nos collègues anglophones sont les champions des acronymes. Un de ceux-ci définit bien la situation décrite dans cet article.

FEAR…

False

Evidence

Appearing

Real

Je réfléchis à une traduction depuis des années et je pense que j’ai mis le doigt dessus cette fois ;

PEUR

Perception

Erronée

Usurpant

la Réalité

Et si on reprenait le contrôle sur notre cerveau reptilien ?

Et si la peur organisationnelle n’était en fin compte que le fruit de notre imagination ? Et si les conséquences réelles de nos craintes étaient finalement moins critiques, moins sévères que ce que nous imaginons..

La peur organisationnelle et les puces mexicaines?

Et si…

Les puces mexicaines illustraient bien nos limites imaginaires ?

Les spectacles de puces mexicaines sont, paraît-il… spectaculaires ! Les puces sont entraînées à sauter à des hauteurs spécifiques. Comment un animal dont la taille du cerveau est microscopique peut-il apprendre à sauter à une hauteur spécifique ? Les techniques avancées de conditionnement permettent aux promoteurs sans scrupules de faire leurs victimes à six pattes : chaque puce est enfermée (quelle cruauté !) dans un bocal de hauteur différente. La puce ainsi prisonnière tente sans succès de sortir du bocal et se heurte au couvercle avec un sonore ‘tic’ (ou ‘toc’ si la puce veut se démarquer). Après plusieurs tentatives infructueuses, l’insecte comprend que la hauteur idéale évite non seulement le son percussif, mais galamment la douleur qui lui est associée (elles sont idiotes, mais pas au point de comprendre que la douleur… fait mal !). On enlève ensuite le couvercle et voilà ! Une puce ayant «appris» à sauter juste à la «bonne hauteur».

Vous sentez-vous concerné ?

Votre organisation vous a-t-elle conditionné à ne pas toucher le couvercle ?

Si une puce comprend la douleur associée au contact du couvercle, un être humain peut certainement apprendre les conséquences de transgresser les limites, réelles ou imaginaires qui l’entourent.

Mais regardez bien.

Levez la tête et vérifiez si le couvercle est bien réel…

Perception

Erronée

Usurpant

la Réalité

Pff…. la peur organisationnelle ne devrait plus nous limiter.

Votre patron ou le collègue d’en face ne se mesurent pas à un tigre au dents de sabre.

On ne connaît bien ses limites qu’en les dépassant.

 

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