Lettre incertaine au Père Noël
Salut mon vieux Noël!
Je ne sais pas si tu te sens comme moi cette année, mais… pfff… quelle année!
J’ai commencé l’année en me disant que 2020, c’était aussi mon objectif de vision. Avec tous mes problèmes avec mes yeux depuis 2018, une vision 20/20 était un objectif très envisageable!
Mais je n’ai rien vu venir!
D’abord ces nouvelles étranges de virus chinois… rien d’inquiétant de penser que 1000 ou 30 000 personnes étaient malades en Chine… après tout ils sont 1,5 milliard là-bas!
Mais bon… l’histoire a vite fait de me contredire.
Une pandémie virale!
À un niveau de propagation inouï et pas vu depuis 100 ans! Tout a changé cette année!
Les gens se sont isolés,
- ont perdu leur emploi,
- ont retrouvé ou créé de nouveaux emplois,
- ont attendu dans l’inquiétude,
- se sont relevés
- et ont découverts de nouveaux horizons…
- ou pas.
Et Noël qui arrive…
ou non.
Je ne sais pas si tu te sens comme moi mon vieux Noël… je t’écris depuis près de 15 ans chaque année pour réfléchir sur le sens de ces célébrations dont tu es l’emblème. Depuis des années je me dis que l’essence de Noël a été corrompue par la consommation à outrance et que dans le fond, ce qu’il faut vraiment, c’est d’être ensemble et non de générer une orgie de cadeaux.
Eh bien… cette année c’est le monde à l’envers!
La consommation en ligne ou locale est-elle tout ce qui nous reste? Car il semble qu’on ne pourra pas être ensemble cette année.
Ou du moins, les rassemblements seront
Limités
Dangereux
Stressants
Et finalement, peut-être inexistants.
Où cela te situe-t-il?
Je m’inquiète pour toi mon vieux Noël… déjà qu’on se ne s’écrit pas souvent (je dis «on», mais je sais que tu ne réponds jamais à mes courriels ou lettres manuscrites depuis belle lurette… hé! Tu me rappelles certains de mes clients…) Il semble que tu ne feras pas d’apparition dans les centres d’achats non plus… je me suis toujours demandé comment tu avais pu adapter les principes de physique quantique d’entrelacement et l’incertitude de Eisenberg…
Ah celui-là il est bien populaire cette année… l’incertitude.
C’est d’ailleurs la seule chose certaine en 2020 :
l’incertitude!
- Pas certain de pouvoir se voir
- Pas certains d’avoir la COVID ou une simple grippe… oh mon Dieu… je renifle! Est-ce que c’est ÇA?
- Pas certain de recevoir ce que je commande en ligne
- Pas certain d’avoir les petits pois de la marque que je préfère à l’épicerie
- Pas certain d’avoir des céleris cette semaine
- Pas certain de bien comprendre l’expression non verbale de mes interlocuteurs en vidéoconférences saccadées ou figées
- Pas certain d’avoir le bon éclairage pendant les vidéoconférences… oh boy l’humeur sombre de la fenêtre derrière la tête!
- Pas certain de… RIEN.
Eisenberg doit bien rire dans sa tombe!
Et le chat de Schrodinger doit aussi se bidonner… je l’ai ou je ne l’ai pas cette COVID? Je suis malade et en santé… jusqu’au test qui peut-être positif, négatif, faux-positif ou faux-négatif… Tant que je ne suis pas testé, je ne saurai si je suis infecté et asymptomatique ou simplement en santé, mais fatigué.
Ah cette fatigue… un symptôme post-infection ou un épuisement à se poser des questions?
Incertitude, quand tu me tiens!
Nous sommes entourés d’incertitude mon vieux Noël… j’en suis certain!
Comment s’en sortir?
On a tous souhaité depuis quelques années une fin à ces multiples soirées de Noël et du temps des fêtes où les orgies de cadeaux nous donnaient mal au cœur.
On a tous souhaité une diminution de ces soirées «obligées» avec des membres de la famille qui nous tapaient sur les nerfs:
- La belle soeur qui ne dit jamais rien
- Le mononcle qui boit toujours trop
- La matante qui pince les joues en nous donnant un bec à l’odeur de parfum en spécial
- Le cousin qui fait des blagues déplacées
- La cousine qui raconte sa peine d’amour en pleurant
- Le neveu qui hurle de déplaisir en comptant le nombre insuffisant de cadeaux
- La nièce qui hurle de plaisir exagéré en ouvrant le cadeau surprise de son copain
- Le beau-père qui surveille les allers et venues de tout le monde et tente à chaque occasion de lancer un débat politique bien coloré
- La belle-mère qui attend de répliquer au moindre commentaire sur sa tourtière trop salée.
OUF!!!
On est bien servi cette année : il n’y en aura pas de party!
… et on va se plaindre, encore!
Mais encore cette année, je tente de changer de perspective. Que retirons-nous de positif de cette mésaventure pandémique?
- J’ai appelé des amis pour prendre de leurs nouvelles plus souvent que jamais auparavant.
- J’ai contacté des gens qui avaient perdu leur emploi avec plus d’empathie que jamais auparavant.
- J’ai parlé à mes parents et amis plus souvent et avec plus de sincérité qu’avant.
- J’ai apprécié les rencontres virtuelles avec plus d’enthousiasme progressivement.
- Je me suis assuré que mes apparitions, interventions et contacts virtuels soient aussi intenses et authentiques avec mes clients que s’ils étaient devant moi.
- J’ai changé ma façon de travailler pour m’adapter à ces nouvelles circonstances.
- Je marche davantage qu’auparavant (les gyms et studios de yoga étant fermés j’use mes souliers sur 3 à 5km chaque jour.)
- J’apprécie la musique plus qu’avant (ce n’est pas peu dire!)
Les rares câlins sécuritaires et hygiéniques avec mes enfants ont été une source de joie et de bonheur inégalés
Mon jeu de guitare s’est amélioré, mais, plus important encore, mon appréciation de ce superbe instrument a augmenté proportionnellement avec mon inquiétude de la pandémie
Bref… bizarrement, malgré les contraintes, je réalise que j’apprécie ce qui et ceux qui m’entourent encore plus.
Chaque moment compte davantage.
Je ne suis pas mourant.
Je suis en santé .
Je suis solidaire en restant solitaire!
Et je vois un Noël bien tranquille approcher avec sérénité.
Je pense à toi mon vieux Noël (ouais je sais, en général je suis plus révérencieux envers toi, mais cette année, avec l’absence de contacts, je me sens plus près de ceux qui sont loin… Peut-être suis-je trop familier envers toi? Tant pis… t’écrire et penser à toi me fait me rapprocher de toi.)
Oui, je pense à toi.
Comment vis-tu cette crise sanitaire et sociale?
- As-tu cessé de te raser par découragement? (je dis ça car je me rase moins souvent depuis quelques mois et on me dit que je te ressemble quand ma barbe allonge!)
- As-tu seulement repassé ta veste rouge… au cas où tu serais en demande?
- Tes rennes ont-ils engraissé en pensant à tous ces mauvais sentiments de détresse morale et sociale?
- As-tu lancé ta propre ligne de masque de réjouissance?
- Tes lutins sont-ils obligés de faire du télétravail?
- Comment les jouets sont-ils fabriqués cette année?
- Les conditions de travail de tes lutins sont-elles acceptables pour eux? Je me souviens de l’année où ils ont menacé de se syndiquer parce que tu ne fournissais pas assez de biscuits pendant les repas.
- Les masques ont-ils été adaptés à leur appendice nasal surdimensionné?
- Comment t’assures-tu de les accompagner et de les encourager à distance?
- Mère Noël se sent-elle trop seule avec toi devant tes écrans de supervision?
- Prends-tu suffisamment de pauses d’écrans?
- Ta chaîne d’approvisionnement a-t-elle été très affectée par les cas positifs?
- Oh… les lutins sont-ils naturellement immunisés? Ou sont-il asymptomatiques?
- Ohhhhhh… Y a-t-il eu transmission de lutin-à-renne du virus?
Oui, je pense à toi mon vieux Noël, isolé au Pôle Nord, loin des institutions de santé… après tout, tu ne rajeunis pas. Je sais bien que tu as une constitution particulière, les déplacements hyper-quantiques qui te permettent d’être à plusieurs endroits en même temps ont sûrement quelque chose à voir là-dedans. Malgré tout… prends soin de toi et de ta famille élargie!
Je regarde la situation partout sur la planète… On a acheté en ligne tout au long de la pandémie, il est devenu facile d’oublier que l’attente fait partie du plaisir… les cadeaux sont devenus une nécessité de dernier recours pour plusieurs personnes qui n’avaient rien d’autre à faire que la navigation de magasinage!
Pourquoi se faire des cadeaux de plus pour Noël? Ça devrait t’aider un peu… ne le prends pas personnel.
L’ultime présent que nous pourrons peut-être nous faire à tous sera d’être présent.
Peut-être.
Peut-être pas.
Je regarde la situation et je m’interroge… trop peu de gens analysent les tendances ou refusent de les voir. Une deuxième vague s’est amorcée avant la saison froide, avant notre confinement volontaire habituel et saisonnier. Je redoute la situation quand nous serons vraiment tout le temps à l’intérieur, collé les uns sur les autres pendant 4-6 mois. Ouvrir les fenêtres et aérer la maison 10 minutes chaque heure sera difficile.
Le virus restera en suspension longtemps…
Il n’y aura point de suspension de la pandémie dans ces conditions…
On nous annonce subtilement que les promises soirées de Noël qui semblaient à notre portée seront vraisemblablement interdites… encore.
Je ne suis pas emballé à cette idée, mais si on veut un jour, et vite, revenir à une nouvelle normalité, on doit plus que jamais accepter que notre Noël passé ne fait partie de ce présent en 2020 et notre seul présent cette année sera la présence limitée et un futur en santé.
Plus que jamais il faut réfléchir à ce que l’Esprit de Noël signifie…
Loin des cadeaux…
Loin des soirées à grand déploiement…
Loin de la surabondance de nourriture et d’alcool…
Loin de la musique tonitruante…
Loin des décorations criantes…
Loin des éclairages aveuglants qui illuminent de façon vulgaire certains voisinages
Plus près du cœur
Plus près de la douceur et de la sérénité
Plus près du silence réflectif et de la quiétude
Plus près de la petite famille
Plus près de l’intention profonde d’aimer et d’être aimé
Plus près de la paix intérieure
Ensemble malgré tout, mais de loin.
Solidaires et solitaires.
Mon vieux Noël, je te souhaite malgré tout un Joyeux Noël.
Quand on se reverra, on appréciera davantage ton grand rire, ta longue barbe piquante et ton habit rouge pas très discret! Ce n’est que partie remise. Victor Frankl (et voilà, je me remets à citer mes lectures… can’t help it!) disait qu’il existe un espace entre le stimulus (la COVID) et la réaction (confinement, masque, etc. et frustration!) et que dans cet espace réside notre liberté de choisir…
Alors Non, pas un Joyeux Noël malgré tout.
Un simple et sincère Joyeux Noël!
Abonnez-vous à ce blog et ne manquez aucun article!!
Envoyez cet article à un ami ou un collègue qui pourrait en bénéficier!
SVP ne faites pas de photocopie sans en demander la permission à l’auteur… flavallee@aliterconcept.com… ça, c’est moi!
Matériel protégé par les droits d’auteur © 2020 Aliter Concept™
ARTICLES RÉCENTS
18 décembre 2023
Lettre au père Noël : La faim de la fin?
Lettre au Père Noël,Aliter Sensa
Faim à la fin. Tu as bien lu cher Père Noël Pas fin à la faim, mais faim à la fin. On nous parle de…
Quel article mon cher François. Bravo! À mon sens, un des meilleurs que j’ai eu la CHANCE de lier de Toi! Un bon Noël à Toi également !
Merci Yvon! J’espère que le Père Noël aura le même avis!
N’hésite pas à la partager! Si tout le monde écrit à ce vénérable on ira sûrement mieux comme société.
Tes mots d’encouragement sont toujours super appréciés!!
Prends bien soin de ta famille!