Les loi des « quelques uns »
J’ai souvent des idées folles.
Pour des raisons que je ne comprends pas encore bien, je fais des liens rapidement entre divers évènements et lectures, entre des conversations anodines et des visionnements d’aléatoires sur YouTube. Ces idées prennent forment spontanément, mais je sais pertinemment qu’une longue période de gestation a précédé l’émergence des ces idées. Une fois sortie, l’idée fait du chemin. Une carte heuristique est souvent la suite. D’autres idées surgissent et quelques réminiscences plus tard, je sens le besoin de lancer un nouvel atelier de réflexion.
Ou, pire encore, d’élaborer un programme entier sur plusieurs jours… voire même quelques années !
L’excitation augmente et atteint son comble quand je commence à identifier des clients potentiels, des gens qui auraient besoin de suivre ce parcours de réflexion. Des accessoires et des livres apparaissent ensuite. Je tente ensuite d’imaginer ce que ça coûte en termes de temps de développement et d’achat d’accessoires et finalement j’estime la valeur de tout ça en regard de ce qui est offert sur le marché.
Grand défi ! Il faut assez d’humilité pour épurer ce qui est banal ou qui existe déjà et assez de fierté pour voir ce qui est original et ce qui se distingue du reste. Ah oui, il faut aussi assez d’aplomb pour demander aux clients d’acheter le concept d’abord et d’investir dans le parcours ou l’atelier ensuite.
Et ici, ça bloque.
Pas parce que je n’ai pas évalué le besoin ou bouclé la vente. Mais parce je parle rarement au bon interlocuteur.
L’interlocuteur idéal doit combiner 3 choses
Il ou elle a un besoin à combler
Il ou elle a un besoin à combler MAINTENANT
Il ou elle a les moyens de combler le besoin sans demander une permission à un supérieur
Mais aussi 3 autres choses
Il ou elle a la capacité de voir les besoins de son environnement, de ses collègues et de son organisation
Il ou elle peut percevoir un large horizon de besoins dans le temps
Il ou elle exerce assez d’influence et possède assez de connaissance de la mécanique de budget pour savoir comment aller chercher les fonds nécessaires pour combler les besoins actuels… et futurs.
Et au-delà de cette liste de caractéristiques déjà impressionnante, ils ou elles doivent aussi faire partie de ces « quelques uns » dont Malcolm Gladwell traite dans son livre le Point de bascule paru en 2000, ouf, déjà presque qu’un quart de siècle.
Extrait tiré d’un résumé du « Point de bascule ».
“La loi du petit nombre enseigne aux lecteurs que certaines personnes possèdent les compétences nécessaires pour lancer une épidémie sociale.
Les connecteurs — Ce sont les personnes influentes qui sont très actives dans les médias sociaux et d’autres réseaux. Ils font passer le message.
Les experts — Ces personnes se concentrent sur une niche spécifique. Ils adorent être des “connaisseurs” et aiment en parler.
Les vendeurs — Ces champions d’une idée ou d’un produit ont la capacité de convaincre et de persuader. Ils peuvent mettre en avant les avantages.”
Mes interlocuteurs sont la plupart du temps des collègues ou cadres intermédiaires qui désirent ardemment améliorer leurs équipes. Ilsi sont positionnés entre les exigences corporatives pour augmenter les revenus et les demandes de leurs employés pour améliorer l’environnement de travail. Ils/elles sont déchiré/es entre les tâches administratives, les rapports, les mesures de performance et les interactions avec leurs subordonnés, essentielles à la bonne marche des opérations.
Mes interlocuteurs peuvent rarement prendre la décision unilatérale d’accepter les solutions proposées. Ils sont en général assez experts dans leur domaine d’expertise et pourraient facilement justifier leur décision sur ces connaissances.
Cependant…
Mon expérience comme facilitateur de communautés de pratique et d’expertise depuis 2003 m’a appris, à mon grand désarroi, que mes interlocuteurs ont rarement aiguisé leur sens politique ou géré leurs réseaux de contacts. Ils ont donc de la difficulté à « vendre » la solution qu’ils préconisent , ne peuvent se fier sur les avis externes de leurs pairs et ont rarement l’opportunité de contourner le n+1 de leur organigramme pour aller chercher le support d’alliés dans l’organisation.
La gestion par silo est un empêchement majeur pour la prise de décision dans les grandes organisations et les activités de réseautage professionnelles sont rarement encouragées.
La « loi du petit nombre » fonctionne toujours quand les gens ont développé leur expertise professionnelle, leur réseau professionnel, leur sens politique ou leur cercle d’influence.
De plus en plus d’organisation limitent aussi le contrôle des budgets aux cadres supérieurs. La moindre décision concernant les finances devient donc un blocage ou un casse-tête administratif qui en dissuade plus d’uns!
Dans le même ordre d’idée, les stratégies sont trop souvent discutées seulement au niveau exécutif sans consulter les niveaux « inférieurs » plus près de la réalité. Lors des analyses de besoin de développement, les discussions sont fréquemment de courte durée et ne concernent que les besoins à très court terme sans grande réflexion sur les prochaines années.
On ne peut blâmer les cadres intermédiaires !
Aller à contre-courant requiert une dose de courage managérial que les organisations tendent à réprimer. Je constate trop souvent que les processus de sélection encouragent
la conformité plutôt que l’innovation,
la stabilité plutôt que la flexibilité
et la continuité plutôt que l’évolution.
Je me considère très privilégié de travailler avec des cadres intermédiaires qui osent assister à mes ateliers de réflexion ! Je comprends à quel point l’inertie qui les entoure rend leur quotidien difficile à supporter.
C’est la raison pour laquelle je travaille dans l’inconfort. En offrant à mes participants des environnements amicaux et sécuritaires, nous pouvons ensemble voguer dans le brouillard diffus de l’inconfort et tenter de penser différemment.
Je reçois assez régulièrement des commentaires à cet égard !
- « Tes ateliers de son des îlots de ressourcement ! »
- « Ça me fait du bien d’être ici. J’assiste à tes ateliers même pendant mes vacances ! »
- « Discuter avec la gang me donne de l’énergie pendant des semaines après la rencontre »
- « Plus efficace et pas mal moins cher qu’une psychothérapie ! »
La loi des « quelques uns » est au cœur de mon entreprise depuis 2005.
Je ne l’ai comprise que récemment en 2018.
À cette époque, en assistant à une conférence de Vikas Narula à la conférence Spark the change. Vikas nous demandait d’écouter les murmures de notre coeur. D’écouter cette démangeaison qui ne cessait de nous donner le goût de la gratter! Et de faire éclater ce désir brûlant !
Voici ce qui est sorti
Bon, ça sonne un peu cru et aujourd’hui je reformule en disant que je recherche les « quelques uns » qui sont prêts à me suivre. Et il y en a!
Ces « quelques-uns « qui réussissent à faire évoluer leurs organisations.
La loi des quelques-uns fonctionnent toujours.
Et chaque fois que je regarde le vidéo de Apple à propos de ces « quelques uns » une petite larme cherche à sortir discrètement
La loi des “quelques uns”…
Ceux et celles qui osent perturber l’immobilisme qui les entoure
Ceux et celles qui contribuent à faire changer les choses malgré la lourdeur bureaucratique
Ceux et celles qui savent quand et pourquoi dévier positivement…
Parce que tout ce qui a été accompli, et qui valait la peine de l’être, l’a été à cause des “quelques uns”.
La loi des “quelques uns”!
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