Croissance et mort!
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Je suis toujours étonné quand l’univers répond à mes appels.
Je ne devrais peut-être pas. Athée ne signifie pas que je ne crois à rien!
J’avoue cependant que la synchronicité de certains événements me bouleverse à l’occasion.
Je voulais écrire sur le sujet de ce matin depuis environ 2 semaines. En me réveillant en ce matin du 29 juillet j’avais déjà écrit mentalement un time dans ma planification cela semaine : Écrire un article sur la croissance.
Et paf, voici que j’apprends que notre bonne habitude de consommation industrielle nous lance un autre avertissement :: nous avons déjà utilisé notre quota de ressources pour l’année.
« L’humanité utilise actuellement les ressources écologiques
1,75 fois plus vite que les capacités de régénération des écosystèmes,
souligne l’ONG dans un communiqué. »
Citation tirée de l’Article de La Presse du 29 juillet 2019
Et bien bravo, humanité… way to go!
En lisant récemment un livre sur l’évolution de l’humanité (remarquez ici l’absence de référence ou d’hyperlien…absence bien volontaire causée par une abondance de livres entamés en meme temps depuis quelques temps et une légère amnésie transitoire qui ne saurait être excusée par quoi que ce soit mais bon…), l’auteur expliquait que la période dite de l’Agriculture, se terminant avec l’avènement de l’ère industrielle au XVIIIe siècle avait duré près de 8000 ans. Le principe de base de cette période fut d’utiliser les ressources de la planète au rythme qui lui permettait de se renouveler plus vite que ce que nous utilisions. L’énergie principale de l’Agriculture en était une métabolique et biologique, celle des humains et des animaux qui travaillaient pour produire ce dont ils avaient besoin.
Tout cela a changé avec l’Accélération induite par l’ère industrielle, à commencer par notre utilisation de l’énergie non renouvelable emmagasinée par la planète : les énergies fossiles.
Et quels résultats éclatants!
Si je peux aujourd’hui écrire cet article, c’est grâce à cette accélération du développement de la technologie permise suite. L, utilisation des énergies fossiles qui a décuplé (et plus!) le potentiel humain. Bien peu de gens aujourd’hui réalisent que les conséquences de notre gaspillage éhonté des ressources leur peurmentn aussi de voyager, de manger des aliments variés (qui eux aussi ont voyagé!), d’avoir des médicaments efficaces et d’envoyer des courriels ou de faire des recherches sur Google afin d’avoir portée de la main et du clavier, l’ensemble des connaissances de l’humanité.
Bin oui, il faut faire quelque chose pour le plastique qui flotte dans les océans.
Bin oui, il faut lutter contre l’obsolescence programmée… oh un nouveau modèle de iPhone, d’écouteur sans fil, d’écran de 2m, etc.
Eh bin voilà!
Le constat est effarant, on le sait.
La prise de conscience globale est récente et violente.
Et ça ne fait que commencer. Mais la route est longue est ardue. Car d’un même souffle on pense à la planète et. Notre survie (ou, j’ai dit on « pense » et non, on « agit »… ça s’en vient j’en suis convaincu) et de l’autre que vois-je encore et de plus en plus quand je compare mes stratégies de marketing avec celles de mes collègues/partenaires et compétiteurs ?
- Nous allons vous aider à faire plus de profit!
- Laissez-nous accélérer votre croissance!
- La super-croissance de votre entreprise est votre portée !
- Profits, profits, profits OUI, c’est possible!
- Doublez vos revenus en 12 mois… et plus!
Pfff…..Dichotomie élocutoire et cognitive!
Un de mes collègues un jour m’a demandé : Francois Inc… tu vois cela comment? C’était en 2014. Ce moment est gravé dans mon esprit, car je suis resté sans voix, impossible d’articuler ma réponse (fait exceptionnel en soi en passant!). Je savais que j’aurais dû dire « une compagnie en croissance avec des dizaines d’employés enthousiastes et contribuant à l’évolution de la société et de mes clients ».
Ou encore « Une équipe de professionnels aidant l’humanité à faire plus, faire mieux… » etc.
Mais en même temps, cette vision presque honteuse de François Inc.
Je vois mon entreprise comme une TTE… une « ‘Tite, ‘Tite Entreprise » tentant d’aider les gens à réfléchir et à faire des bons choix pour leur communauté, leur entreprise, leur famille… hmmm… pas assez ambitieux…
Alors je suis resté sans voix.
Et je vois ces entreprises, ces organisations, ces consultants autour de moi qui poussent, poussent et encouragent la croissance de leurs clients. Et qui réussissent ! Et qui sont appréciées par leurs clients.
Et c’est tant mieux ! De beaux succès d’entrepreneurs dynamiques et brillants!
Mais je relis cet article…
Et je me dis que depuis cette ère industrielle l’humanité a commis une des pires erreurs pourtant enseignées dans les grandes écoles de gestion qui prônent cette croissance depuis plus de 200 ans : l’utilisation et la dilapidation du capital au lieu de l’intérêt généré par ce capital.
En effet, l’ère de l’Agriculture utilisait le surplus de la planète, mué par l’énergie renouvelable (juste assez de bois pour que la forêt se régénère… des champs en jachère pour le renouvellement des réserves d’azote et autres nutriments… etc.).
L’ère industrielle a utilisé les énergies non renouvelables du sous-sol pour se propulser à des niveaux de croissance et d’efficacité qui nous ont donné une espérance de vie et un confort inégalés. Le capital de la planète donc. Et ajouter l’insulte à l’injure, nous sommes sur le point de vider notre compte…
‘Nous grignotons le capital naturel de notre planète, amenuisant d’autant sa capacité régénérative future’, avertit encore l’ONG dans l’Article publié en ce 28 juillet 2019.
Je n’invente rien.
Goeffrey West, dans son excellent livre ‘Scale’, compare la croissance des organismes vivants, des compagnies et des villes. Une lecture fascinante! Il y démontre, preuve à l’appui que Godzilla ne peut pas exister. Désolé pour les admirateurs de ce gros monstre. La structure nécessaire pour qu’un tel être vivant existe requiert un coureur dont les dimensions sont vertigineuses, des jambes qui ne permettraient pas la marche, une alimentation qui affamerait le monstre le temps du visionnement du film et sans parler des de la quantité de déjection qui serait expulsée de son gigantesque sphincter antérieur !
Bref, il y a une limite à la croissance d’un être vivant, qu’il soit monstrueux (et fictif), marin (la baleine bleue aujourd’hui et le mégalodon hier), antédiluvien (les dinosaures les plus massifs avaient atteint leurs limites viables avant le fameux astéroïde!) ou végétal (ces gros séquoias finissent par mourir aussi!).
G. West en parle différemment et de façon certainement plus éloquente. Il explique la fin de la croissance et la mort certaine des compagnies et des êtres vivants en calculant l’énergie requise pour croître et pour maintenir la vie.
En effet, les êtres vivants croissent jusqu’à atteindre l’âge adulte. Cette étape est déterminée en évaluant l’énergie nécessaire à la croissance contre celle requise pour entretenir ce qui est déjà en place. On dit que la peau d’un humain se régénère tous les 27 jours. Imaginez l’énergie nécessaire à cette tâche! L’ensemble des cellules sanguines : 120 jours.
Les cellules osseuses, plus lentes : 3 ans.
On ne mange pas pour rien!
Un corps en croissance requiert encore plus d’énergie (il suffit de tenter de calculer la qualité de bouffe qu’un ado de 15 ans ingère pour se convaincre!).
Une fois l’organisme devenu adulte, les ressources nécessaires à sa survie suffisent à peine à fournir les besoins de l’organisme… et on vieillit… et on meurt.
Il y a donc une limite calculable à la vie d’un humain (environ 130 ans)… si tout va bien. Si on ne mange pas trop de sucre, si on ne fume pas, si on dort bien, si on ne consomme pas trop d’alcool et si on bouge assez pour activer tout cela.
Les mêmes règles s’appliquent à tous les organismes vivants et G. West nous en indique plusieurs dans son livre.
J’en ajoute un dernier, plus près de ma réalité et de mon parcours académique : les bactéries.
Les microbiologistes le savent bien : inoculez une gélose dans un vase de pétrie avec une solution diluée de bactérie, laissez cette bactérie se multiplier et vous obtenez quelques colonies (des millions de bactéries), facilement observables à l’œil nu.
Ces colonies prennent de l’ampleur et pourraient occuper tout l’espace sur le pétri sauf que… la nourriture requise pour la division cellulaire est limitée et rapidement consommée autour de la colonie. La colonie croît jusqu’à s’affamer.
Ah tiens… en ce 28 juillet, on apprend que nous avons déjà utilisé l’équivalent d’une année de ressources que la planète peut nous fournir sans toucher à son capital de régénération…
Avec une limite d’énergie disponible à la croissance et au maintien de l’organisme, la mort est inéluctable.
G. West démontre également qu’un phénomène semblable existe pour les compagnies.
Les Walmart, Apple et Google de ce monde se sentent invincibles, mais l’histoire prouve le contraire. L’argument est de taille : alors que la raison d’être des principes scientifiques de la gestion (Taylor 1911) est de diminuer le coût d’une transaction pour optimiser la productivité, la bureaucratie engendrée par cette quête d’efficacité atteint toujours un point où la prochaine étape d’optimisation engendre plus d’effort bureaucratique que de résultats.
L’anniversaire de Apollo 11 a généré plus articles et livres et une citation de cette époque m’a fasciné :
« Nos deux plus gros problèmes sont la gravité et la paperasserie.
On peut vaincre la gravité,
mais la paperasse est parfois écrasante. »
Wernher von Braun
Un de mes récents articles traite justement du poids de cette structure.
On le voit aujourd’hui dans les services gouvernementaux, les difficultés pour obtenir une information fiscale ou un rendez-vous médical. Les exemples sont légion!
Un simple d’échange de produit dans une pharmacie locale est devenu un défi herculéen si vous perdez votre facture. Même si vous étiez un client régulier, même si le produit provient bien évidemment de cet endroit (une marque générique de cette bannière et une seule succursale dans cette ville!) Et même si l’échange concerne un produit de quelques dollars… le coût du remboursement en effort, temps et argument est vastement supérieur au profit engendré par la vente… mais que voulez-vous… le système ne nous permet pas de vous l’échanger sans facture! Vive les clients satisfaits!
Étant en contact avec des dizaines de clients différents, dans des domaines différents et désirant par dessus – tout aider mes clients à devenir plus performants mes perspectives ont évolué au fil des années et je ne peux qu’observer les déficiences opérationnelles partout autour de moi (je vous jure que ma conjointe en a plus qu’assez de mes observations et analyses !).
En lisant le livre de G. West j’ai compris. Le coût de l’entretien des systèmes vivants ou de nos organisations est devenu supérieur à ce que l’environnement peut supporter en termes d’énergie.
La croissance à tout prix a atteint le juste prix de cette croissance… la mort.
Inévitable.
Inéluctable.
À moins que… la logique ne reprenne le dessus. La croissance illimitée avait déjà été dénoncée par le Club de Rome en 1974
Les alternatives se sont multipliées depuis.
La croissance linéaire,
l’économie verte,
Homéostase sociale dynamique
le développement durable,
les énergies renouvelables,
la fin de l’obsolescence programmée,
la répartition équitable d cela richesse ou même la fn du modèle économique tel que nous le connaissons (après tout, l’humanité à troqué des biens et services sans monnaie pendant des millénaires),
la fin de l’impact de la ‘main invisible’ de John Adam
:
etc.
Les problèmes associés à l’ère industrielle
sont maintenant visibles et incontournables.
Les solutions existent.
La volonté de les implanter… un peu moins.
Mais la prise de conscience globale est réelle.
J’ai espoir.
Je suis athée, mais j’ai la foi en l’humanité.
Je suis aussi réaliste… l’entraide et les crises sont directement proportionnelles
Alors, allez-y mes amis !
Hypercroissance !
Super accélération !
Mega boom économique !
Croissance, croissance !
Croissance et mort!
Petite bactérie
deviendra colonie
Limitée par son pétri
Et finira sa vie
Mais ultimement, GAFAM, les banques privées et Trump ne seront plus là et l’humanité survivra, évoluera et resplendira.
J’ai espoir.
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Photo de bacréties par Michael Schiffer on Unsplash
Photo de la terre : https://web.archive.org/web/20150707070617/http://grin.hq.nasa.gov/IMAGES/LARGE/GPN-2000-001138.jpg