Nos sociétés se complexifient.
Nos organisations aussi. Mais nous tentons désespérément de les gérer comme des bêtes compliquées, et non complexes.
Procédures, normes, règlements, code d’éthique, exercice budgétaire qui n’en finit pas et qui se répète…
Et face à ce joli méli-mélo de processus enchevêtrés dans une vision floue de la stratégie, le monde change et évolue.
Rapidement.
Plus rapidement que les futurologues auraient pu l’imaginer.
Alvin Toffler et son livre “future shock” avait certainement prédit beaucoup de choses.
Bien que l’Internet n’existait pas à cette époque, il avait prévu le besoin insatiable de l’humain de savoir, de savoir toujours plus.
Bien sûr, à cette époque, les années 70, le concept que la connaissance est la puissance,” Knowledge is power”, était bien ancré dans nos organisations.
Toffler a popularisé le concept d’”information overload” qui se traduit librement par infobésité.
Maintenant, tout est disponible, l’information ne peut plus être occultée. Nous n’avons qu’à penser au récent scandale de la NSA et de Monsieur Snowden pour s’en convaincre. Imaginez : un employé d’un service secret qui veut s’ouvrir sur le monde et divulguer à tous ce qu’il a vu !
Les cellulaires, les réseaux sociaux et les économies émergentes nous forcent à repenser aux notions de vie privée, de secrets nationaux et d’espionnage industriel.
On sait tout maintenant. Utilise-t-on cette information adéquatement ?
Knowledge is power ?
Pas certain finalement.
Un grande partie de cette information est encore seulement à l’état de “données”.
Une fois ces “données” analysées, elles deviennent information.
L’information peut devenir un renseignement, une fois rendue conceptualisée.
Ces renseignements peuvent devenir de la connaissance si des liens sont tissés et des conclusions tirées.
Et finalement, la connaissance accumulée, triée et étudiée pourra devenir “savoir” et sagesse.
Ceci sous-entend que nous accepterons de changer notre façon de voir le monde. Cette nouvelle connaissance, ce nouveau savoir, jusqu’alors caché et non-disponible nous force à tout repenser.
Toffler le disait il y a 45 ans.
“Tomorrow’s illiterate will not be the man who can’t read; he will be the man who has not learned how to unlearn.”
Nos organisations se sont évertuées à tout documenter dans les moindres détails et à voir la conformité comme une qualité absolue. LA conformité aux normes et procédures. Ceci a engendré une lourdeur bureaucratique qui sclérose les processus et l’innovation.
Pourquoi ?
Les gens qui ont mis tout cela en place avaient pourtant, j’ose espérer, de bonnes intentions ?
La réponse viendra peut-être d’une meilleure compréhension du modèle Cynefin.
Dave Snowden, à ne pas confondre avec Edward le délateur de la NSA, a développé un modèle de la complexité qui ne cesse de m’étonner.
Je ne vais pas ici décrire toutes les facettes de ce modèle mais insister sur la différence entre compliqué et complexe.
Nos organisations sont compliquées ET complexes.
Une montre suisse est compliquée : il faut bien saisir la relation entre les différentes pièces pour pouvoir assembler la montre de la bonne façon. Un certain talent, l’Art de l’horloger et de la pratique vous rendront efficaces… du temps, de la pratique et de bonnes instructions ou procédures.
Une grenouille est complexe. Un biologiste expérimenté aura beau étudier la grenouille toute une vie, il sera encore surpris de certaines réactions face à des situations imprévues. Il ne pourra comprendre les faits qu’à la fin de son observation. La complexité ne peut se comprendre qu’en rétrospective. Il faut avoir un esprit ouvert et agile pour survivre à la complexité. Il faut être conscient que les plans pour la contrôler ne peuvent pas fonctionner et que la gestion du risque potentiel vient avec un risque résiduel inhérent.
Nos organisations ont tenté de fonctionner comme une montre suisse. Un bon principe quand les marchés qui les entourent évoluent de façon ordonnée et prévisible. Ceci était presque possible dans la première moitié du XXe siècle et est complètement utopique aujourd’hui.
Nous devons penser à la grenouille. Agile, vivante et en contact avec son environnement par chaque pore de sa peau d’amphibien. Elle réagit rapidement aux changements car sa survie en dépend.
Comme la survie de nos organisations dépend de leur agilité et de leur réponse à leurs environnements changeants.
La survie de nos institutions, de nos organisations passe par une compréhension du modèle Cynefin.
La complexité ne se gère pas. Elle se digère. Par la rétrospective et la réflexion.
Il suffit de réaliser que le futur commence aujourd’hui et que le présent est passé.
Il suffit d’utiliser le plus puissant des outils à notre disposition à son plein potentiel pour essayer d’entrevoir les opportunités au lieu des barrières.
Cet outil est le cerveau humain en connexion avec d’autres cerveaux humain : l’intelligence collective de nos organisations, de nos sociétés.
Certains crient à l’hérésie et à l’utopie.
Et pourtant…
Regardez autour de vous :
Les gens marchant la tête penchée sur leur ordinateur mobile personnel, leur cellulaire, la source de leurs connexions sur le monde.
Il faudra gérer les douleurs cervicales et modifier notre façon de consulter ces petites bêtes mais il n’en demeure pas moins qu’elle font maintenant partie de nos vies….
Regardez autour de vous :
Les applications sociales qui indiquent le meilleur prix de l’essence, la position des radars sur la route, le meilleur resto en ville (ou le pire!), le meilleur hôtel à Cuba (ou le pire!)…
Regardez autour de vous :
Comment acheter-vous un nouveau véhicule, un livre, un appareil électronique ? Combien de commentaires avez-vous lu sur le Web à propos de l’objet de vos rêves ?
Regardez autour de vous : l’intelligence collective prend toute sa signification chaque jour.
Et vous croyez que vous pouvez limiter l’accès à certains site Web sur les lieux de travail par une procédure et des mesures disciplinaires ?
Pfff….
Conseil d’ami : si vous voulez vraiment contrôler l’Accès à l’information, imposez à chaque employé quelques règles additionnelles :
1- ne plus aller au toilette… l’utilisation du cellulaire dans les toilettes vous connaissez ?
2- forcer chaque employé à remettre son cellulaire avant d’entrer au travail…mais vous ne pourrez plus les contacter en urgence.. hé… pas bête !
3- Tiens, encore mieux, éliminer les ordinateurs tant qu’à y être… et retourner aux formulaires en triplicata !
pfff.
Essayer de gérer une grenouille en lui imposant des engrenages de montre suisse est ridicule.
Essayer de gérer des humains comme des machines l’est tout autant.
C’est pourtant ce qui a été tenté depuis 100 ans. Les résultats démontrent qu’il faut changer de méthode.
Vive le futur du travail !
Venez en parler et ouvrir votre esprit le 19 novembre
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