Bon voisinage.

Pfff.
Quel concept!

Êtes-vous un « bon » voisin?

Celui qui salue les autres…
Celui qui offre de l’aide pour le déménagement…
Celui qui déneige la cour de l’autre spontanément une fois que la charrue est passée…
Celui qui tolère les « party » des ados des autres…
Et la tondeuse à 7h le matin,
Et la scie à chaîne le samedi matin,
Et quoi encore?

On peut être un « bon » voisin mais seulement d’un côté…

Le bon voisinage est le principe selon lequel les voisins doivent s’entendre et tolérer quelques petits irritants… Irritants pour l’un ne signifie pas nécessairement irritants pour l’autre.

 

Histoire typique: une clôture sur la « ligne » entre les deux terrains. Elle était là quand vous avez acheté votre propriété mais vous n’avez pas demandé à l’arpenteur si la « ligne » était à la bonne place. Et maintenant, la clôture vous emmerde… La clôture de qui?
Toc, toc…
« Salut voisin… T’sais la clôture… »
« Ouais? Tu veux dire MA clôture… »
Oups. Une discussion s’amorce.

Le guerre commence souvent par un malentendu.
Les chicanes de voisins aussi.

 

J’ai récemment dû prendre la défense d’un arbre qui poussait à tout vent. Bon. Comme un arbre en fait…

Arbre et bon voiMais le voisin ne le voyait pas comme ça.

« Tu devrais contrôler tes arbres! »
Ben oui voisin, ben oui… Je lui parle chaque jour pour lui faire comprendre qu’il pousse trop… Je me place près de la piscine, je longe la haie en m’approchant doucement et je lui murmure… « Arrête de pousser, tu vois bien que tu dépasses chez le voisin… »

Ben oui…

« Si tu voulais des arbres, il fallait acheter un terrain dans le bois. »
Ben oui voisin, ben oui… Et toi, as-tu déjà pensé à aller dans le bois si tu ne peux endurer qu’un arbre étende une de ses branches à 1 mètre au-dessus de ton terrain à 10 mètres de hauteur?

 

La discussion a rapidement dégénéré.
Oh, mon ton était très correct je vous assure. Je n’aurais pas osé risquer une hausse de ton avec un « bon » voisin qui change de couleur en gesticulant comme un perdu.

 

Un de mes collègues me suggérait de me mettre à sa place, d’essayer de comprendre la situation vue de son balcon…
Hmmm, je « vois » la branche qui viole son espace aérien…
(ah tiens… Quand on achète un terrain, il nous appartient jusqu’à quelle hauteur? Si un avion de Air Transat (un de ceux qui ne sont pas en grève) passe au-dessus de SON terrain à 10 000 mètres d’altitude… Serait-ce légal?)
Hmmm, je sens la branche qui s’étire haut au-dessus du fond de ma cour.
(Ben oui, le fond de sa cour…)
Hmmm, je perçois le risque immense de cette fragile branche qui, laissée à elle-même, voudra sans aucun doute occuper TOUT le fond de ma cour dans 30 ans.
OUI. Je comprends.
Son sacro-saint terrain (là, je juge, mais sa cour est mal entretenue, mal foutue, pleine de pissenlits et de chiendents… et bon je me lance, LAIDE!) passe devant les principes sociaux qui viennent avec l’achat d’un terrain en ville.

 

Oui en ville.
Avec des voisins…

qui ont tous un terrain de 800-10 000 pieds carrés,
qui font tous des efforts pour l’entretenir,
qui font des efforts pour respecter la cour des autres.

Ouais… La plupart des voisins sont comme ça.

Sauf lui…
… qui a fait une crise quand on a planté une haie… Ben oui, on voulait le couper du monde.

Sauf lui…
… qui trouve que le voisin de l’autre côté arrose trop souvent son gazon… Ben oui, le sien est jaune tout l’été.

Sauf lui…
… qui bloque l’accès à son entrée de cour pour que les enfants n’aillent pas dans la rue en vélo. Ben oui, on apprend mieux à faire du vélo quand on doit pédaler en rond dans une entrée de cour.

Sauf lui…
… qui cite toutes les lois, chapitres de convention collective, normes et règlements en vigueur pour aller gosser les autres.

Sauf lui…
… qui sort son calibre 12 pour empêcher quelqu’un de passer dans le fossé entre deux terrains…
25 ans de récriminations et de tensions à chaque conversation. On se demande toujours ce qu’il va encore trouver.

 

La guerre commence toujours des deux côtés.
Mais je vous jure… Quand le gros bon sens est absent d’un des côtés, on tombe rapidement dans la vengeance.

 

Alors j’ai adopté une autre attitude.
Je me dis que son besoin de tranquillité et sa vie privée doivent être mis à rude épreuve parce qu’il vit en société. Qui sait, il est peut-être malade?
Je me dis que sa tondeuse matinale, qui n’en finit plus, doit bien avoir une raison d’être.
Que la porte barrée en tout temps et qui ne peut être ouverte que par les parents… Oh… Je pousse un peu ici.
J’essaie vraiment de me dire que tous mes comportements anti-conformistes l’horripilent profondément et que de me voir aller porter un sac de vidange en bedaine alors que sa famille part pour la messe du dimanche et bien… La bedaine (pas si grosse quand même) et l’habit du dimanche ne font pas bon ménage.

 

J’ai donc adopté une autre attitude. Plus positive.
Une attitude de tolérance et d’abnégation légère.

Et j’ai pris des photos de SON arbre qui dépasse sur le terrain de l’autre voisin… juste au cas où j’aurais besoin de prendre une autre branche dans mon argumentaire.

 

Bon voisinage à tous!


 

 


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